Fable réactionnaire, Mussulman divise la nouvelle société russe en trois camps : les abrutis par l’alcool, les hébétés par l’argent et les purs, animés d’un idéal spirituel. Voir l’argument : dix ans après avoir été envoyé faire la guerre en Afghanistan et s’être converti à l’islam, Kolia rentre dans son village de la Russie profonde. […]
Fable réactionnaire, Mussulman divise la nouvelle société russe en trois camps : les abrutis par l’alcool, les hébétés par l’argent et les purs, animés d’un idéal spirituel. Voir l’argument : dix ans après avoir été envoyé faire la guerre en Afghanistan et s’être converti à l’islam, Kolia rentre dans son village de la Russie profonde. Mais le renégat s’avère le seul homme intègre et travailleur de la région, peuplée de profiteurs et de bons à rien. « J’ai pensé à Dieu en écrivant l’histoire », écrit le scénariste, Valéri Zalotukha, qui enfonce le clou en évoquant le « besoin intérieur, vital et national de foi sans laquelle nous nous éteindrions, nous mourrions ». Une antienne slave qui ne date pas d’hier, mais qui, récupérée par les contempteurs de la décrépitude morale, laisse augurer une recrudescence de l’intégrisme religieux. Tout en se dissimulant sous les oripeaux de la tolérance (à l’islam), le cinéaste ne se gêne pas pour caricaturer grossièrement et avec un certain mépris (comme Konchalovski dans Riaba ma poule) les dégénérés du monde consumériste. Il faut voir la scène où toute la population de la région se jette dans une rivière (sauf le héros musulman, bien entendu) pour récupérer des dollars qui dérivent au gré du courant. Allégorie facile pour un film à thèse propre sur lui qui n’envisage qu’une seule parade à une crise morale de cette ampleur : la marche arrière. Et après, quoi ? Le retour aux guerres de religion ? le come-back de l’Inquisition ? La suite sur votre petit écran, entre 20 h et 20 h 30.