Le député de Corrèze, favori des sondages, voit naître une coalition de ses adversaires au PS. Mais il poursuit sa campagne de terrain.
« Il était le challenger, il est le favori. Il devient donc la cible numéro un. On s’attend à une pluie de roquettes. » Ce proche de François Hollande ne croit pas que le deuil de la candidature Strauss-Kahn va perdurer au-delà du 28 mai, date de la ratification du projet pour 2012 lors d’une grande convention du Parti socialiste.
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Martine Aubry devrait entrer dans la danse de la primaire début juin. Le match entre le député de Corrèze et la maire de Lille, séparés par quelques points dans les sondages, pourra commencer.
Ces deux-là ne s’aiment pas. Martine Aubry a lâché récemment qu’elle ne laisserait « jamais » François Hollande devenir le candidat des socialistes en 2012. Un front « tout sauf Hollande » est donc en train de se constituer, derrière la candidature « légitime » de la première secrétaire. Laurent Fabius, Bertrand Delanoë, des Strauss-Kahniens blessés et orphelins, l’aile gauche de Benoît Hamon et d’Henri Emmanuelli, tous se coalisent pour barrer la route au Corrézien.
« Ils veulent me réserver le sort de Rocard face à Mitterrand », philosophe François Hollande, qui continue de faire la course en tête dans les sondages. Mais lui se voit plutôt comme un mélange de Ségolène Royal en 2006 et de Lionel Jospin en 1995. A la fois à l’extérieur et dans la légitimité partisane.
Et on sent qu’il doute de la force de ses adversaires, surtout dans une primaire ouverte aux sympathisants de gauche, qui n’obéiront pas à une logique partisane et tiendront compte de la position des uns et des autres dans l’opinion.
C’est cette position que François Hollande s’est employé à consolider depuis des mois. « Ce qui compte, c’est le dialogue que j’ai réussi à nouer avec les Français », explique celui qui estime que viendra en 2012 le temps d’un président « normal », loin du « bling bling » sarkozyste, loin aussi d’un sauveur suprême de la gauche, dont l’envolée a été stoppée net à New York.
« Cette phrase sur le président normal, cela ne fait plus du tout sourire », note-t-il en ajoutant : « C’est ce que les Français attendent, un président normal. »
Aujourd’hui, François Hollande se sent libre de continuer sa campagne, d’autant plus qu’il n’a pas à se préoccuper des conséquences du séisme de dimanche sur le dénouement du « pacte de Marrakech » qui voulait que DSK et Martine Aubry décident ensemble qui des deux serait le mieux placé pour se lancer dans « une primaire de confirmation ».
Le député de Corrèze poursuit ses déplacements de terrain, en moyenne deux par semaine. Il sera en début de semaine prochaine en Tunisie pour cultiver sa stature internationale. Des meetings auront lieu à Périgueux, Limoges, avant un déplacement aux Antilles, en juin.
François Hollande professionnalise par ailleurs sa communication. Un profil Facebook, un compte Twitter, un site internet et un agenda, désormais délivré régulièrement aux journalistes. Le programme de ses déplacements et de ses rendez-vous est détaillé, quasiment heure par heure. Dimanche soir, il sera sur le plateau du 20 heures de TF1.
Ce vendredi, François Hollande était à Dijon, à l’invitation du sénateur-maire François Rebsamen, pour un déplacement sur la culture et la politique de la ville. L’un des points forts de Martine Aubry quand son prédécesseur à la tête du PS préfère manier les chiffres et travailler sur ses priorités pour la jeunesse.
Devant une œuvre intitulée L’Etoile du Baiser, François Hollande gravit une vague de béton noir et blanc :
« Il y a des vagues. Il y a des bas et des hauts. L’important, c’est de prendre toutes les fluctuations et de finir sur un haut. Là, je suis sur un haut. »
Appelant à la « retenue » devant les développements judiciaires de l’affaire DSK, le député de Corrèze estime que « chacun doit faire ce qu’il a à faire ».
« Il n’y a pas besoin de précipiter, d’anticiper ou de différer. Il faut détailler le projet, je le fais à chacun de mes déplacements, demander des comptes sur l’action gouvernementale, il y a la sècheresse, le pouvoir d’achat, il faut rester en lien avec le pays qui n’a pas vu ses problèmes disparaître et qui a toujours le même président ».
Hélène Fontanaud
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