Le premier coffret de cinq DVD des films de François Truffaut que publie MK2 est d’abord un bel objet qu’on a envie de posséder. Il s’agit moins de découvrir Jules et Jim, La Peau douce, Les Deux Anglaises, Le Dernier métro et La Femme d’à côté, puisque tous ces films sont connus par cœur, mais […]
Le premier coffret de cinq DVD des films de François Truffaut que publie MK2 est d’abord un bel objet qu’on a envie de posséder. Il s’agit moins de découvrir Jules et Jim, La Peau douce, Les Deux Anglaises, Le Dernier métro et La Femme d’à côté, puisque tous ces films sont connus par cœur, mais de pouvoir les compulser quand l’envie ou le besoin s’en fait sentir.
Par le biais du chapitrage, on peut aussi, comme on le ferait avec un disque, se repasser en boucle une séquence, transformée en single préféré, et étudier comment elle fonctionne privée de sa continuité. C’est ainsi que la scène de Jules et Jim où Jeanne Moreau chante Le Tourbillon devient un idéal de clip domestique, et chaque film un objet encore plus fétichisé, personnel et sentimental.
Ce coffret, remarquablement édité par Serge Toubiana (qui s’est chargé des présentations, des interviews et du choix des documents en bonus) et Philippe Truffault (qui a organisé une navigation aisée et une mise en pages inventive et d’une grande clarté), vaut aussi par ses multiples compléments de programme.
Plus que de simples gadgets, ces zakouskis renforcent l’émotion. Retrouver Françoise Dorléac en train d’arpenter la Croisette au bras d’un Jean-Louis Richard encore très mince, Catherine Deneuve recevant son César pour Le Dernier métro ou bien Truffaut, si beau et si jeune, recevant France Roche sur le plateau des Deux anglaises et le Continent. Must des musts, le film en Super 8 qu’a tourné Jean Gruault, scénariste du film, pendant le tournage de la dernière séquence des Deux anglaises, au Musée Rodin, où on voit Kika Markham tenter de convaincre un Nestor Almendros très sceptique, et récent exilé cubain, de la nécessité de lire un journal trotskyste anglais. Ce sont ces compléments qui nous restituent l’âge des films, leur date de fabrication, puisque ces DVD d’une qualité impeccable nous les rend lavés de leur couche de vernis crasseux, propres comme un sou neuf, avec un éclat numérique qui les prive de toute patine et de toute imperfection de copie.
Seul bémol critique, les commentaires en voix off sur les extraits des films par les collaborateurs du cinéaste, aussi intéressants soient-ils, font faire un grand écart d’attention qui empêche de revoir vraiment les films sous cet éclairage.