L’illustratrice et écrivaine, qui signait en 2017 le beau “Ma très grande mélancolie arabe”, rend un hommage très émouvant aux victimes de l’explosion survenue l’été dernier au Liban.
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Le 4 août, elle était chez elle, à Paris, lorsqu’elle a appris la catastrophe via son téléphone : une explosion venait de détruire une grande partie de Beyrouth. Le groupe WhatsApp familial a soudain débordé de messages, dont un selfie de sa sœur le visage ensanglanté. Ces heures folles, Lamia Ziadé les a dessinées.
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L’illustratrice et écrivaine franco-libanaise élabore depuis plusieurs années un genre littéraire très personnel, fait de textes et de dessins très colorés, reproductions de photos tirées d’archives privées ou d’articles de presse. Ingénieux procédé, à la fois subjectif et objectif, pour explorer l’histoire d’un pays qu’elle a quitté à 18 ans. Ici, elle dresse un mausolée aux victimes de la catastrophe et au fil des pages, la simple succession de leurs visages et de leurs noms crée une émotion intense.
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Comme dans Ma très grande mélancolie arabe (2017), sa narration se ramifie. A une documentation précise s’ajoutent des souvenirs, comme ceux des manifestations de 2019, à Beyrouth, ou de son enfance pendant la guerre. Cette construction ne doit rien au hasard et sert un propos politique. Car, passé la terreur des premières heures, Ziadé analyse avec amertume l’état du Liban, et s’interroge : “Que s’est-il passé après la guerre ? Pourquoi avons-nous tout raté ? Tous ensemble ?”
Mon port de Beyrouth. C’est une malédiction, ton pauvre pays ! (P.O.L), 256 p., 23,90 €
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