Nadia* a 21 ans. Pendant trois mois, elle a vécu à Raqqa, ville syrienne et QG de l’Etat Islamique. Mais cela ne lui a pas plu. “La plupart (des recrues de l’EI) sont des convertis. (…) Ils ont très peu de pratique du Coran, ils sont plus poussés par la haine ou l’envie de faire […]
Nadia* a 21 ans. Pendant trois mois, elle a vécu à Raqqa, ville syrienne et QG de l’Etat Islamique. Mais cela ne lui a pas plu. « La plupart (des recrues de l’EI) sont des convertis. (…) Ils ont très peu de pratique du Coran, ils sont plus poussés par la haine ou l’envie de faire la guerre, » raconte-t-elle. Alors, elle a décidé de parler au monde, afin d’ouvrir « les yeux à des jeunes filles qui y vont en se disant « oui, l’Occident est contre nous, et Daesh, c’est le califat. » Mais ce n’est pas un califat, c’est une secte. »
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Interceptée à la frontière turque par la police, la jeune française a raconté à l’AFP, son départ pour la Syrie… Jusqu’à sa désillusion une fois arrivée. Elle revient également sur sa radicalisation, via les réseaux sociaux, « un peu un lavage de cerveau. »
« On nous dit : « Tu vis dans un pays où il n’y a pas d’islam, où l’islam est interdit« , « Si tu meurs, tu iras en enfer« … On prend vite peur. Après, on se renferme, on est toute seule. Et finalement, on se dit : « D’accord. » On part, on émigre vers une terre où il y a les lois d’Allah. »
Une fois le contact pris avec un recruteur de Daesh, son voyage est pris en charge par le groupe terroriste. Elle prend un avion, direction la Turquie. Elle finit son chemin en voiture, puis à pied, enjambant les barbelés à la frontière syrienne.
Le 7 mars, Nadia arrive a Raqqa. Là, elle va déchanter rapidement. Elle est enfermée dans une maison avec d’autres femmes. Ses papiers lui sont confisqués, les contacts avec l’extérieur prohibés. « Ils m’ont dit : « Si tu veux sortir de cette maison, il faut te marier. Sinon tu y restes à vie, tu ne sors pas ». (…) Il est interdit d’appeler ses parents, d’avoir accès à Internet, tout est interdit. »
Elle se marie finalement avec son recruteur, parce que ce dernier est francophone. Leur union ne dure qu’une seule journée, la jeune femme part vivre avec deux autres Françaises.
Mais Daesh va la suspecter d’être un agent infiltré par la France, Nadia est alors jetée en prison. Elle clame son innocence et réussit à être libérée pour repartir en France. « Je leur ai dit qu’il y avait trop d’injustice (à Raqqa), que pour moi ce n’était pas l’islam, rapporte-t-elle. Il n’y a pas de coran (là-bas), il y a juste des armes (…) et les femmes ne viennent que pour le repos du guerrier. »
Les explications de Nadia sont jugées « très improbables au vu des conditions décrites » par des spécialistes de Daesh interrogés par l’AFP, rappelant que peu de djihadistes parviennent à tromper la surveillance des soldats, et à quitter l’Etat islamique. Mardi, dès son arrivée en France, la jeune femme a été placée en garde à vue.
*Le prénom a été changé.
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