Dans de nombreux pays l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est encore une pratique totalement interdite. Que la grossesse soit la conséquence d’un viol ou qu’elle mette en danger la santé de la mère, cela n’y change rien. Le Chili, de tradition très catholique, fait partie de ces pays. Certaines femmes sont donc contraintes, soit de débourser beaucoup […]
Dans de nombreux pays l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est encore une pratique totalement interdite. Que la grossesse soit la conséquence d’un viol ou qu’elle mette en danger la santé de la mère, cela n’y change rien. Le Chili, de tradition très catholique, fait partie de ces pays. Certaines femmes sont donc contraintes, soit de débourser beaucoup d’argent pour se faire avorter dans un pays où l’IVG est légale (Cuba ou Venezuela), soit d’avoir recours à l’avortement clandestin, au péril de leur vie.
70 000 avortements clandestins par an au Chili
C’est ce que dénonce une campagne vidéo lancée depuis trois semaines sur YouTube par l’ONG chilienne Miles. Celle-ci profite d’une fenêtre d’opportunité qui s’est ouverte alors que la présidente socialiste Michelle Bachelet a fait passer un projet de loi visant à autoriser l’avortement thérapeutique dans certains cas. Selon un rapport de l’Université Diego Portales, on dénombre chaque année 70 000 avortements clandestins au Chili.
C’est pour sensibiliser à cette réalité que l’ONG a produit trois faux tutoriels dans lesquels des femmes expliquent comment avorter de manière « accidentelle ». Les images, d’une violence certaine, ont rempli leur objectif : en cumulant à elles trois 500 000 vues, elles ont ouvert un débat national, et poussent les autorités à considérer l’importance de cette réforme. Elles montrent trois options d’avortement « maison » : se faire renverser par une voiture, tomber sur une borne incendie, ou encore du haut des escaliers.
Le droit à l’avortement est très peu répandu en Amérique Latine
« Nous savons que c’est une campagne forte mais elle correspond absolument à la réalité du Chili, car les femmes sont capables de faire n’importe quoi dans la solitude et l’angoisse auxquelles ces cas peuvent les conduire, et sans aucune aide », explique Claudia Dides, directrice de l’ONG, dans un communiqué.
Si le projet de loi actuellement examiné était voté, le Chili rejoindrait Cuba au rang des rares pays latino-américains qui autorisent l’avortement thérapeutique dans certains cas précis.