« Est-ce qu’un innocent a été condamné d’après vous ? » C’est par une question très lourde de sens de Nicolas Demorand, dans une atmosphère incroyablement pesante, qu’a débuté l’interview de Me Dupond-Moretti ce matin sur France Inter. « C’est la première fois que je prends la parole dans cette affaire, depuis plus de cinq ans. Si vous me demandez de résumer cette affaire en trente secondes, c’est pas possible », a rétorqué le ténor du barreau qui a été sifflé par des perturbateurs hier soir, au moment du verdict rendu. « Je suis venu ici parce que je sais qu’on n’est pas dans l’immédiateté que choisissent certains médias. »
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Une interview de quatorze minutes, parfois très tendue, mais toujours dans le respect de la parole de l’autre. Dupond-Moretti a rappelé « l’honneur » qu’il a eu de défendre son client, condamné à une peine de 20 ans de réclusion pour association de malfaiteur. Instantanément, il est repris sur le terme d’honneur par Nicolas Demorand.
« J’en ai pris plein la gueule »
Plus tard, l’avocat explique à propos des critiques qu’il a essuyé : « J’en ai pris plein la gueule ». Demorand réplique aussitôt : « Vous en avez mis aussi… » « Pas de la même façon« , lui répond Dupond-Moretti. Sur la question d’un éventuel appel, Me Dupond-Moretti n’a, comme hier soir, pas donné de réponse définitive même s’il n’en exclut pas la possibilité.
Eric Dupond-Moretti : "Le terrorisme est fait pour changer notre mode de juger" pic.twitter.com/k0IXmtWpcx
— France Inter (@franceinter) November 3, 2017
« C’est le procès le plus difficile de ma carrière », a ensuite expliqué Me Dupond-Moretti revenant sur les menaces contre ses enfants, les insultes qu’il dit avoir subi, « la surenchère médiatique » de ses confrères.
Eric Dupond-Moretti : "J'ai revu le procès de Nuremberg, et je trouve qu'il a été d'une certaine façon plus digne" #le79Inter pic.twitter.com/Tg9Rzl6noG
— France Inter (@franceinter) November 3, 2017
« Votre question est obscène, je ne pensais pas que vous me la poseriez »
La conclusion fut le moment le plus tendu de l’échange. Quand Me Dupond-Moretti a évoqué le traitement « plus digne » des prévenus du procès de Nuremberg par rapport au procès qui s’est tenu à Paris ces cinq dernières semaines. Puis le cas de la mère de Mohamed Merah qui a aussi perdu un fils, rappelle l’avocat. « Vous l’avez dépeinte en mater dolorosa », lance Demorand. « Non pas du tout, c’est vous qui le dites, ce ne sont pas mes mots », répond Dupond Moretti. « Vous ne trouvez pas ça obscène de le dire comme ça, de le dire devant les familles des victimes ? », a enchaîné Demorand, ce à quoi l’avocat lui a répondu: « Je pense sincèrement que c’est obscène. Une mère, même si elle met au monde un enfant qui est le dernier des derniers peut avoir de la peine. Ce qui est obscène, c’est de dénier à cette femme le fait qu’elle soit une mère. Votre question est obscène, je ne pensais pas que vous me la poseriez. »
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