Les maîtres du monde sont-ils capables de maîtriser leurs humeurs corporelles ? Si Donald Trump nous a appris avec sa délicatesse coutumière que son épouse Melania “ne pète pas”, Emmanuel Carrère nous révèle que le toujours plus jupitérien Macron lui, ne “transpire pas”. L’écrivain qui a suivi le président sur l’île de Saint-Martin, dévastée par le cyclone Irma, dévoile ce scoop d’un président en chemise-cravate impeccable qui affronte les rues ravagées et les égouts débordants : “Tous ceux qui l’accompagnent, y compris l’auteur de ces lignes, dégoulinent de sueur, littéralement trempés, avec de grands cercles sous les bras. Pas lui.”
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Macron “séduirait une chaise”
Emmanuel Carrère s’est toujours intéressé aux personnages hors normes, souvent fasciné par leur côté obscur, que ce soit l’assassin de sa propre famille Jean-Claude Romans, son grand-père disparu dans de troubles circonstances pendant la dernière guerre, ou le sulfureux écrivain agitateur russe Edouard Limonov. Cette fois, c’est au tout jeune président qu’il s’attache comme le montre l’interminable (30 000 signes) portrait qu’il a rédigé pour le Guardian.
S’il s’avoue intrigué par le personnage, qui selon lui, “séduirait une chaise », le portrait n’est pas bonnement hagiographique et trace l’image d’un Macron qui veut surtout se distinguer de François Hollande, son prédécesseur, trop “normal”. Interrogé sur une éventuelle faille dans son armure, il répond : “Au fond, ma faille réside sans aucun doute dans le fait que je n’aime pas mener une vie normale”.
Pour Didier Eribon “un profond sentiment de dégoût”
Son de cloche bien différent chez un autre intellectuel de renom. Didier Eribon a décliné l’invitation à la foire du livre de Francfort pour ne pas avoir à croiser le “président des riches”. Dans une tribune au Süddeutsche Zeitung qu’on retrouve sur son blog il dresse un tableau au vitriol de celui qui “lui inspire un profond sentiment de dégoût”.
“Président mégalomane et narcissique, président insultant et méprisant, Macron aime faire de beaux discours et se lancer dans de grandes envolées lyrico-mystiques. La vérité est plus sombre, plus inquiétante : démolition du droit du travail et des protections des travailleurs, régression sociale, destruction des services publics, appauvrissement généralisé, précarisation, répression, violences policières… Et l’on voudrait que j’aille le regarder ? que j’aille l’écouter ?? Et peut-être aussi que je l’applaudisse ???
Eh bien, NON.”
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