A Paris, le projet de fondation d’art contemporain mené par Bernard Arnault a failli capoter. Le chantier reprend, mais l’affaire pourrait rebondir.
« En France, c’est compliqué. Pourtant c’est un beau projet avec un bon architecte. Je savais que c’était compliqué. Mais à ce point… »
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Mi-fataliste, mi-indigné, François Pinault exprimait ainsi sa compassion à l’égard de… son ennemi de toujours, Bernard Arnault. Le patron de PPR a tenu ces propos le jeudi 10 avril, lors du vernissage de la nouvelle exposition dans sa fondation d’art contemporain, à Venise, en pensant aux soucis rencontrés par le boss de LVMH qui veut installer sa propre fondation au Jardin d’acclimatation dans le XVIe arrondissement de Paris.
Comme Pinault sur l’île Seguin il y a sept ans, Bernard Arnault doit faire face à de nombreux obstacles, à commencer par l’opposition de riverains prêts à tout pour empêcher la « bétonnisation du bois de Boulogne ». Comme François Pinault encore, il s’est pourtant adjoint les services d’un des plus grands architectes, Frank Gehry – quand Pinault avait opté pour Tadao Ando à qui il a finalement confié le chantier de sa fondation vénitienne en 2005.
Enfin, Bernard Arnault a failli voir son projet capoter lorsque le tribunal administratif a annulé, le 20 janvier, le permis de construire de sa fondation entraînant l’arrêt des travaux entamés… depuis deux ans. Mais, cette fois, l’histoire devrait se terminer par un happy end et empêcher le départ d’Arnault pour une contrée plus hospitalière.
Le vent semble en effet avoir tourné, ces dernières semaines, en faveur de la Fondation Vuitton considérée « d’intérêt général » par des députés PS et UMP qui ont voté, le 15 février, un amendement permettant la reprise de la construction.
Dans la foulée, la Mairie de Paris a fait appel et obtenu le 14 avril « le sursis à exécution du jugement par lequel le tribunal administratif avait annulé le permis de construire de la Fondation Louis-Vuitton ». Une décision qui devrait permettre la reprise des travaux en attendant le jugement définitif en juin.
« Les travaux vont pouvoir reprendre sans délai et le musée dessiné par le célèbre architecte Frank Gehry voir le jour dans les délais prévus », s’est réjouie la Mairie de Paris dans un communiqué.
Du côté de la Fondation Vuitton, on estime que « c’est une très bonne nouvelle pour les quelque 400 à 500 salariés qui travaillent sur le chantier ».
Paraît-il exaspéré par les retards en tout genre, Frank Gehry – qui, pour l’heure, ne s’est vu confié aucun des gros chantiers de la capitale française alors qu’il a, par exemple, réalisé le Musée Guggenheim de Bilbao – va pouvoir se réjouir également. « Nous sommes à la fin du gros oeuvre, nous allons désormais pouvoir attaquer la mise en place des charpentes métalliques. » Jusqu’au prochain rebondissement ?
Claire Moulène
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