Cultissime depuis sa sortie en 1984, Spinal Tap arrive enfin en France : une farce hilarante sur le rock’n’roll circus. L’ultime film (sur le) rock’n’roll. Formule déjà expérimentée façon niaise et cynique pour la télé en 1966-68 avec les Monkees, Spinal Tap est un faux “rockumentaire” sur un faux groupe de heavy-metal, Spinal Tap, créé […]
Cultissime depuis sa sortie en 1984, Spinal Tap arrive enfin en France : une farce hilarante sur le rock’n’roll circus.
L’ultime film (sur le) rock’n’roll. Formule déjà expérimentée façon niaise et cynique pour la télé en 1966-68 avec les Monkees, Spinal Tap est un faux « rockumentaire » sur un faux groupe de heavy-metal, Spinal Tap, créé pour l’occasion. Le film est sorti en salles en 1984, mais jusqu’à ce jour jamais en France où il ne circulait qu’en vidéo, réservé aux initiés, aux happy few effectivement heureux de pouvoir s’échanger quelques bonnes blagues totalement hermétiques pour le profane il faut avoir vu le bassiste Derek Smalls prisonnier de son cocon pour apprécier.
Réalisé par Rob Reiner (Princess bride, Quand Harry rencontre Sally…) qui, depuis, n’a jamais plus été piqué par le même grain de folie hystérique, Spinal Tap relate la tournée 1982 de ce trio anglais grand-guignolesque, hybride dégénéré de Van Halen, Iron Maiden, Guns N’Roses et Aerosmith, ainsi que la sortie cahotique de leur disque Smell the glove. Dans ce grand et fictif rock’n’roll circus, tous les tics, manies, us et coutumes de la rock-star sont dépecés avec une précision chirurgicale, poussés à outrance, parfois jusqu’au non-sens. L’obsession pour la technique, la maîtrise des éléments autres que musicaux (décors, costumes, scènes, pochette), la crétine copine du leader qui s’impose manager, la prétention culturelle, l’imagerie cheap, les ego monstrueux, la tentation mystique, l’astrologie, l’incompréhension avec les maisons de disques, les paroles cul-beauf des chansons, tout y passe, et surtout, tout semble véridique. Même l’absurde et l’irrationnel, qui seuls prennent sens dans les têtes malades des trois rockers comme la combustion spontanée des batteurs, par exemple , semblent trouver leur justification dans cet univers totalement barré. Sous ce sérieux quasi anthropologique, les faits paraissent à peine exagérés et tout devient hilarant, parce que tellement vrai, tellement vu et entendu des centaines de fois, de Manchester et ses deux frères ridiculement ennemis à Tampa Bay et son clown gothico-morbide. Même pas la peine d’aller chercher les groupes de hard-rock.
Dans Spinal Tap, rien ne dérape jamais, la musique basique, deux accords et beaucoup de solos est insupportable mais plausible, les protagonistes sont parfaits parfaitement crétins, parfaitement obsédés de musique, parfaitement incultes, parfaitement égotistes, parfaitement crédibles. Travail d’expert autant que parodie, Spinal Tap est une énorme farce, une succession non stop de gags super cons, de dialogues de sourds, de réflexions absurdes. Tourné il y a seize ans, Spinal Tap le film a donné lieu à un plébiscite insensé du groupe qui a commencé à faire de vraies tournées et à sortir de vrais disques est toujours aussi pertinent aujourd’hui.