C’est un fait : le Front national séduit un électorat qui recoupe de plus en plus toutes les classes sociales, et alors que les femmes votaient traditionnellement moins que les hommes pour ce parti, le « gender gap » est en passe de disparaître. Ainsi en 1988 12% des femmes ont voté pour Jean-Marie Le Pen (contre 18% des hommes), alors qu’en 2012 17,5% de l’électorat féminin (et 19% du masculin) optait pour elle.
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Associations, syndicats et partis de gauche soutiennent l’initiative
Marine Le Pen l’a bien compris. Profitant de certains événements d’actualité – comme les agressions de femmes lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne en 2016 -, elle aiguise un discours qui se veut féministe. D’où l’initiative d’un collectif d’associations féministes qui ont lancé la site internet Droits des femmes contre les extrêmes droites ce 22 septembre. Parmi elles, le Collectif national pour les droits des femmes, Osez le féminisme !, Femmes solidaires, Les Effronté-e-s, la Coordination pour le droit à l’avortement et à la contraception ou encore la Marche mondiale des femmes, qui ont été rejointes par des syndicats, associations et partis politiques de gauche tels que la CGT, la FSU, la Ligue des Droits de l’Homme, Europe Ecologie-Les Verts ou le PCF.
« En tant que féministes, nous avons une responsabilité. Nous devons nous exprimer »
Interrogée par Le Monde, Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes (à l’origine de cette initiative) explique : « Notre objectif est de démasquer le discours des extrêmes droites, en particulier du FN », ajoutant que Marine Le Pen « se pose en défenseuse des droits des femmes. Elle cite Simone de Beauvoir. En tant que féministes, nous avons une responsabilité. Nous devons nous exprimer. »
Ce site internet entend réaliser un commentaire critique des prises de parole des responsables du FN sur le féminisme. Suzy Rojtman étaye déjà, en réaction à la tribune qu’avait publiée Marine Le Pen suite aux agressions de femmes à Cologne :
« Le discours féministe est instrumentalisé au service du racisme et de la xénophobie, analyse Mme Rojtman. Selon elle, seuls les étrangers seraient auteurs de violences.Comment le savoir quand aucune statistique ethnique n’existe ? Nous condamnons ce qui s’est passé à Cologne. Nous sommes aux côtés des victimes, mais nous disons que d’autres violences existent, notamment dans les chambres à coucher »
Sans oublier que le FN était parti en croisade contre le planning familial fin 2015. Marion Maréchal-Le Pen avait notamment estimé que “ces associations véhiculent une banalisation de l’avortement”… Pas franchement féministe.
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