« Malgré ces avancées positives, nous ne pouvions risquer de voir une de nos filiales historiques françaises nous entraîner dans sa faillite. Canal+ a été créé il y a 30 ans par Havas, sur qui La Générale des Eaux – Vivendi avait fait une OPA pour en prendre le contrôle. » Le site Ozap s’est procuré une lettre que Vincent Bolloré à envoyé à tous ses collaborateurs pour expliquer sa stratégie, après l’acquisition de Vivendi l’été dernier. Ce jeudi 21 avril a lieu, à l’Olympia, l’Assemblée générale des actionnaires du groupe.
Morceaux choisis :
« Canal+ a toujours connu une vie mouvementée : un lancement avec « tambours et trompettes » vite suivi par des rumeurs et un risque de faillite. Puis une période de gloire, puis des pertes colossales (déjà 500 millions). Puis un redressement. Puis à nouveau une période difficile à cause de la concurrence de TPS qui, racheté très cher par Vivendi, permettait à Canal+ de connaître encore de belles années. Puis l’arrivée de beIN Sports et autres Netflix entraînant les chaînes Canal+ dans des pertes considérables – 180 millions en 2014, 250 millions en 2015, 400 millions d’euros pour 2016 ! »
« Face à cette terrible situation, l’équipe de Vivendi a accepté de faire son devoir en s’impliquant dans une tentative de redressement. D’abord, afin d’intervenir sans contestation, Vivendi a dû racheter les minoritaires mécontents : Lagardère et la SECP – cela a coûté la bagatelle d’1,5 milliard d’euros ! En effet, Canal+ est un mélange de 5 activités bien distinctes, dont une seule présente un grand danger, les actionnaires minoritaires des autres activités auraient légitimement bloqué toute aide inter-activités »
C’est bien évidemment les chaînes du bouquet Canal + qui sont ciblées, Vincent Bolloré parlant de « 400 millions de pertes cette année. » Plus bas, il développe : « Outre iTélé, c’est évidemment sur les chaînes Canal+ France que doivent se concentrer nos efforts. En effet, le groupe Canal+ ayant un endettement supérieur à 1 milliard d’euros n’obtiendra pas de Vivendi, dont 70% du capital est détenu par des fonds étrangers, de mettre indéfiniment « la main à la poche ».
Il a ensuite fustigé le traitement des médias à son encontre :
« Dans toute autre société, le changement d’une équipe de 20 personnes sur 8 000 aurait été banal ; chez Canal+, le retentissement médiatique a été malheureusement considérable. A cela s’est ajoutée une campagne sur une censure présumée, totalement injustifiée car Canal+ est l’un des groupes de médias où les responsables sont les plus libres aujourd’hui. »
« Je sais que la période est difficile et que le « bashing » quotidien peut en faire douter beaucoup et inquiéter chacun. Mais lorsqu’une entreprise comme Canal+ voit les piliers qui ont fait ses succès s’effondrer et ses pertes s’accumuler par centaines de millions d’euros, il n’y a qu’une seule solution pour s’en sortir : c’est de poursuivre notre travail avec courage, confiance et détermination. »
Mais il a également évoqué un éventuel avenir…
« Si un jour dans le groupe Bolloré, en Bretagne – à Dieu ne plaise – il fallait faire un plan d’économies, je serais le moins bien placé pour le faire, étant trop attaché aux personnes et aux usines que j’ai contribué à embaucher ou construire. »
L’intégralité de la lettre est à retrouver sur le site d’Ozap.