Après le livre choc “Qui est Charlie ?” paru en mai 2015, Emmanuel Todd s’exprime sur l’état de la société française dans un grand entretien accordé à l’Obs, dont le magazine publie des extraits en accès libre sur son site. Au programme : crise des migrants, attentats du 13 novembre, »impérialisme allemand » en Europe et la polémique post-Charlie.
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Dans @lobs, diatribe justifiée d’Emmanuel #Todd sur l’aveuglement à l’égard de la jeunesse. pic.twitter.com/9KIwSz4jDt [via @alancelin]
— Jérôme Godefroy (@jeromegodefroy) March 24, 2016
L’Allemagne n’est pas à la hauteur
Revenant sur la crise des migrants qui touche l’Europe, Emmanuel Todd pointe du doigt le “défi incroyable” que représente l’intégration de millions de réfugiés dans un “pays vieilli” comme l’Allemagne :
“L’Allemagne pourrait intégrer, contrôler et utiliser efficacement de telles masses de population, à de tels niveaux de différence culturelle et à ce rythme accéléré qu’en se stratifiant et en se durcissant. Le prix à payer serait sa transformation en une société policière ou militarisée. ”
https://www.youtube.com/watch?v=Rb0lT3WPzhE
« Être jeune en France, ce n’est pas juste siroter un demi en terrasse »
S’exprimant à propos des « attentats horribles » du 13 novembre, Emmanuel Todd analyse l’État de la société française et la vision manichéenne de la jeunesse donnée par la classe politique et les médias :
“Être jeune en France, ce n’est pas juste siroter un demi en terrasse. Cette vision-là, c’est typiquement celle d’une société âgée qui a des problèmes de prostate.”
Dénonçant le fascisme anti-islam dont font preuve les gouvernements et les “islamologues obsessionnels”, l’auteur de “Qui est Charlie ?” note que les thèses émises dans son livre ont été validées par les récentes réformes du gouvernement :
“Je tiens à présenter solennellement mes remerciements à François Hollande et Manuel Valls qui, en lançant leur projet de loi sur la déchéance de nationalité, ont validé à 100 % la thèse la plus discutée de “Qui est Charlie ?” : l’identification du néo-républicanisme comme pétainiste et vichyste. ”
Une société paralysée
S’il dénonce beaucoup, et en particulier l’obsession autour du terrorisme islamiste, l’historien se dit cependant rassuré par le retour aux vraies questions qui déchirent la société française, amorcée par les manifestations sur la réforme du travail :
“ Évidemment, le terrorisme islamique est un problème crucial. Mais, pour bien gouverner une société en crise, il faut prendre de la distance, et voir que ce drame n’est qu’un morceau d’une tragédie globale : notre société est paralysée parce que la France n’a plus de monnaie et ne peut plus avoir de politique économique. Tout est parodique dans nos débats politiques actuels. ”
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