Le procès d’Antoine Deltour, discret lanceur d’alerte de 30 ans, s’ouvre aujourd’hui au Luxembourg. L’ancien employé du cabinet d’audit PriceWaterhouseCoopers (PwC) est à l’origine de l’affaire LuxLeaks, un système d’exil fiscal opéré avec la complicité du Grand-Duché. Un scandale qui implique des centaines d’entreprises comme Apple, Ikea ou Pepsi, mais qui touche aussi Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois à l’époque, aujourd’hui président de la Commission européenne.
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Beginning of #Luxleaks trial : don't jail the whistleblowers, tax #transparency now ! #taxpower pic.twitter.com/yBXGYearFK"
— ActionAid France (@PSo_ActionAid) April 26, 2016
Malgré des soutiens et un prix du Parlement européen, la justice luxembourgeoise n’est pas prête à reconnaître l’intérêt général des révélations du lanceur d’alerte. Antoine Deltour est accusé de vol, violation et blanchiment du secret des affaires. Il encourt jusqu’à dix ans de prison.
Des centaines d’accords fiscaux secrets
En 2010, il décide de démissionner de son travail d’auditeur auprès de PwC. « L’écart entre ses convictions et ces pratiques d’optimisation fiscale lui pose de plus en plus problème » explique Le Monde. Alors qu’il cherche des documents de formation, la veille de son départ, il tombe sur des centaines de tax rulings, soit des accords fiscaux secrets entre le fisc luxembourgeois et des multinationales.
Il transmet ces données sensibles à un journaliste de Cash Investigation, Edouard Perrin. Lui aussi fait aujourd’hui face à la justice avec Raphaël Halet, un autre employé de PwC.
Un homme timide et engagé
Le Monde dresse le portrait d’un homme timide mais engagé, qui ne regrette pas son geste. « Petites lunettes, air sérieux, ton posé : la seule angoisse qui transparaît chez ce spécialiste de la comptabilité, ce sont ses mains qui ne restent pas en place quand il parle. ‘Si j’avais pu choisir l’anonymat, j’aurais préféré rester anonyme. J’ai hâte d’en finir’, assure-t-il depuis un petit café d’Épinal, la ville de son enfance où il est retourné habiter après le scandale », écrit le quotidien. Il dit avoir simplement « agi en citoyen« , « convaincu de la nécessité d’une plus grande justice fiscale et de plus de transparence ».
Depuis les révélations, l’Union européenne a adopté une directive pour l’échange automatique d’information sur les accords fiscaux passés entre ses membres et des multinationales. L’avocat d’Antoine Deltour a déjà évoqué le « premier grand procès en Europe d’un lanceur d’alerte » mais le jeune homme ne « souhaite pas devenir un symbole ». Il craint qu’une condamnation n’entache sa nouvelle carrière de fonctionnaire. Depuis 2012, Antoine Deltour travaille à dans un institut économique à Nancy.
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