L’organisation d’une soirée à 289 000 euros à Las Vegas pour E. Macron, alors encore ministre de l’économie, fait l’objet d’une enquête. Muriel Pénicaud, devenue entre temps ministre du travail, est notamment mise en cause par la révélation d’un mail par le JDD.
Le 6 janvier 2016, Emmanuel Macron participait à une soirée de promotion des entreprises françaises à Las Vegas. Mais les coulisses de cette French Tech Night laissent entrevoir l’existence d’une affaire qui embarrasse aujourd’hui le gouvernement.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
En cause : le rôle de Muriel Pénicaud. L’actuelle ministre du travail était à l’époque la directrice générale de Business France, organisme public qui a traité avec l’agence Havas pour l’organisation de cette soirée à Las Vegas. Une enquête judiciaire a été ouverte en mars dernier par le parquet de Paris. Elle s’intéresse au rôle de Business France dans la non-mise en concurrence entre agences, en d’autres termes, le parquet enquête sur un possible favoritisme vis-à-vis de l’agence Havas dans l’attribution d’un marché public dont les coûts ont augmenté de manière exponentielle.
Jusqu’à présent, Muriel Pénicaud, qui occupait le poste de directrice générale de Business France, affirmait n’avoir pas été mise au courant de « l’erreur de procédure dans un marché public » et ajoutait avoir demandé un audit indépendant dès mars 2016.
La version de la ministre du travail mise en doute
Mais les révélations du JDD du 1er juillet viennent contredire cette version des faits. C’est notamment la révélation d’un mail envoyé le 11 décembre 2015 par la directrice de la communication de Business France, Fabienne Bothy-Chesneau, qui met en cause Muriel Pénicaud :
« Muriel, briefée par nos soins, ne fait rien. Donc elle gérera aussi quand la [Cour des comptes] demandera des comptes […], ce ne sera pas faute d’avoir dit et redit. »
Le rapport d’audit pointait la responsabilité de la directrice de la communication dans l’organisation de cette soirée qui aura coûté en fonds publics 289 000 euros, auxquels il faut ajouter 45 000 euros pour frais d’hôtel. Le JDD nuance cependant le tableau
« Fabienne Bothy-Chesneau, qui n’a pourtant jamais été entendue par les auditeurs, semble devoir porter le chapeau des défaillances. La réalité, à la lecture des messages découverts par la police [lors des perquisitions à Business France et Havas le 20 juin dernier, ndlr], est probablement plus complexe…«
L’actuelle ministre du travail aurait donc eu connaissance des irrégularités intervenues dans l’organisation de cette soirée bien avant mars 2016, contrairement à ce qu’elle affirmait jusqu’à présent.
De plus, toujours selon le JDD, Business France semble s’être interrogé sur le but de la soirée. « ‘Attention au nombre, prévient Fabienne Bothy-Chesneau. Notre cible dans le cadre de la plateforme Attractivité French Tech est l’international, donc la presse étrangère et non pas la presse française. C’est l’obligation pour activer le financement de la plateforme.’ En clair, Business France finance des opérations de communication à l’étranger, pas la promotion du ministre auprès des journalistes français… »
Ces doutes font écho aux révélations de Marion L’Hour et Frédéric Says, intervenues en janvier 2017, sur l’utilisation de 120 000 euros de fonds publics et des équipes de Bercy par Emmanuel Macron pour son lancement de campagne, alors qu’il était encore ministre.
Lundi 3 juin, Libération a en outre révélé de nouveaux éléments. Les conclusions de l’audit commandé par Muriel Pénicaud au cabinet EY (Ernst & Young) auraient été largement passées sous silence par elle. Du rapport de 60 pages n’a été diffusé en interne qu’un bref compte-rendu édulcorant les conclusions jugées alarmantes de l’audit. Y est notamment passé sous silence le fait que les dysfonctionnements constatés sont susceptibles « d’engager la responsabilité pénale des auteurs ».
Ces nouvelles révélations interviennent quelques semaines après l’affaire Ferrand et le départ de François Bayrou et Maëlle de Sarnez du gouvernement à cause des soupçons portant sur le recours aux emplois fictifs au Modem. De son côté, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner avait appelé le 28 juin les journalistes à « ne pas chercher à affaiblir » Muriel Penicaud chargée de la difficile réforme du code du travail par ordonnances durant l’été.
{"type":"Banniere-Basse"}