L’affaire Fillon, PenelopeGate où encore « Rends l’argent », autant de mots-clés venus empoisonner la campagne du candidat de la droite et du centre lors de la présidentielle. Un retentissement sans précédent qui a provoqué puis accéléré la chute de l’homme de la Sarthe, faisant dire à ses plus proches qu’il a réussi l’impossible : perdre l’imperdable.
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Outre l’affaire des emplois présumés fictifs de collaborateur parlementaires occupés par sa femme et ses enfants, durant plusieurs années, il y a celle des fameux costumes. Un nom revient alors à la surface, celui de l’avocat de la Françafrique Robert Bourgi ; les deux aiment le luxe et les costumes du chic tailleur Arny’s. Le mélange s’avère explosif et sera même fatal à l’homme de Sablé. « Les costumes nous ont tués », résume froidement la communicante de Fillon, Anne Méaux.
« Je lui racontais tout de mes discussions avec Fillon »
Le numéro de juillet de Vanity Fair, sous la plume de Sophie des Deserts consacre un grand portrait à cet homme sulfureux. « Au fond je n’ai jamais cru en Fillon. Tu comprends ma grande ?, dit-il en s’adressant à la journaliste. Tu me suis ? C’est Sarko que j’aime. Il est comme moi : un affectif, un métèque. D’ailleurs je ne l’ai jamais trahi, je lui racontais tout de mes discussions avec Fillon.”
Les deux hommes se connaissent depuis 1980 et les débuts de Fillon en politique. Ils vont gravir parallèlement les marches du pouvoir, sans jamais se croiser. Jusqu’à la primaire de la droite et du centre. Fillon l’emporte sur Sarkozy. Si Bourgi veut continuer à exister, il doit changer de cheval. Mais le Sarthois se fige, glacial, ne semble plus vouloir entendre parler de cette vieille connaissance, avec qui il partage la passion des moteurs rutilants. Bourgi rumine sa vengeance.
L’affaire éclate finalement dans le JDD, le 12 mars 2017. La veille, Fillon reçoit un coup de fil de Méaux : « Est-ce qu’il y a quelqu’un qui t’a offert des costumes ? Un mec un peu bizarre, paraît-il. » L’affaire sort dans la presse le lendemain sous la plume du journaliste Laurent Valdiguié, une connaissance de longue date de Robert Bourgi avec lequel il a un temps entrepris d’écrire ses mémoires, rapporte Vanity Fair.
Le portrait raconte une discussion « particulièrement franche » dont se souvient un proche de Fillon, Bernard Debré avec Patrick Stefanini, le directeur de campagne : « Je l’ai dit à François : ‘Si tu veux que je m’occupe de l’Afrique, je ne veux pas de Bourgi dans les pattes. Ce type est dangereux' ». Alors Bourgi, se sentant délaissé, passe aux aveux : « J’ai appuyé sur la gâchette ».
Fillon ne se calme pas, dans la presse il parle de Bourgi comme d’un « homme âgé qui n’a plus aucune espèce de responsabilité. » L’intéressé voit rouge : « Tu m’as traité de vieux ? Là, tu as franchi la ligne jaune. Tu n’aurais pas dû, tu as fait pleurer ma petite Clémence. Je ne te le pardonnerai jamais. »
« T’as vu, Robert : on l’a bien niqué »
Fillon ne s’en relèvera pas. Entre les deux hommes le dialogue est rompu. Mais Robert Bourgi continue de voir Nicolas Sarkozy. D’où cette anecdote, posée en conclusion : lors d’un dîner, quelques jours après le résultat du premier tour, le premier raconte enfin, qu’à la fin du repas, que le second lui a confié : « T’as vu, Robert : on l’a bien niqué. »
L’intégralité du portrait est à retrouver dans le numéro de juillet de Vanity Fair.
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