Des attentats de janvier dernier à ceux de novembre, en passant par les mouvements sociaux (notamment ceux de la loi El Khomri…), depuis un an et demi, la situation devient vraiment difficile à gérer pour les officiers chargés du maintien de l’ordre. Sous couvert d’anonymat, un CRS a décidé de briser le silence en et a dénoncé son énervement.
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De nombreux « dommages collatéraux » auraient pu être évités
C’est toujours le même schéma : lors des manifestations du 9 avril, du 1er mai ou encore lors de celle du 10 mai dernier, les CRS ont dû couper les cortèges en marche afin d’isoler des groupes de casseurs. De son point de vue de nombreux « dommages collatéraux » auraient pu être évités ces derniers mois si ils avaient reçu des ordres au préalable de la part du gouvernement. « Il suffirait de les interpeller avant le départ des cortèges, pas la peine d’être un grand tacticien pour comprendre ça » explique t-il. Hier encore, un journaliste des Inrocks, en reportage, était victime de ces écarts. Mais du côté, des policiers, on compte aussi des blessés.
Un pion politique?
« Ici, on interpelle juste pour les images du 20 heures, pour faire croire qu’il y a de la fermeté de la part du gouvernement » et cela le fait enrager. Pour lui, la gestion des manifestations est très mauvaise. Il pense qu’il ne s’agit pas d’une question de courage politique mais plutôt d’une tentative de sabotage de ces mouvements de la part du gouvernement. Le but est de mettre en avant les casseurs plutôt que l’action de fond des mouvements. Il se demande même si il n’est pas devenu un pion politique…
« Une manifestation qui se passe bien, on parle du fond. Quand vous avez des casseurs, on se focalise sur les violences et les vitres cassées. Est-ce que le gouvernement est assez vicieux pour faire ça? »
Un climat de plus en plus tendu
Il y a encore peu de temps, à la suite des attentats de Charlie Hebdo, les officiers avaient redoré leur image. Il y avait une symbiose entre les citoyens et les forces de l’ordre, ils apparaissaient même comme des sauveurs. Le « Je suis policier » est encore dans les mémoires de tous. Cet état de grâce fut de courte durée. Dès les attentats du 13 novembre, le souffle de bienveillance est aussitôt retombé. Les gens ont vite compris que les forces de l’ordre ne pouvaient pas protéger tout le monde et empêcher toutes les catastrophes d’arriver.
Face à la montée de l’opposition, le climat de l’état d’urgence devient de plus en plus tendu. Il est déjà loin le temps ou les CRS étaient salués par les manifestants. Les nouveaux slogans « Tout le monde déteste la police » résonnent désormais au sein des mouvements sociaux. « Les slogans ça va, ça vient… jusqu’au prochain attentat« , résume le CRS froidement.
Fatigué et lasse, cet officier tente de rassurer ces plus jeunes collègues qui se découragent rapidement. Lui, essaye de maintenir le cap car dans moins d’un mois de nouvelles aventures commencent et vont nécessiter la mobilisation générale des forces de l’ordre. Avec l’Euro 2016, les menaces sont plus intenses. « On se prépare comme jamais auparavant » a t-il confié au journaliste du JDD.
Au service de la société
En attendant, ce CRS anonyme prend du temps pour se reposer à la campagne. Le calme avant la tempête. La future mobilisation du 18 mai, organisée par certains syndicats de police, témoigne d’un énorme ras-le-bol général. L’objectif est d’orienter le mécontentement des citoyens vers les donneurs d’ordre, et non pas vers « la haine anti-flic« .
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