Il n’en peut plus de cette « charge médiatique », « très forte » selon ses mots. Lui c’est Robert Bourgi, avocat à la réputation sulfureuse, proche de la Françafrique et disciple autoproclamé de Jacques Foccart. En 2011, dans le livre de Pierre Péan, La République des mallettes (éd Fayard), il avait raconté avoir assisté à la remise d’argent en liquide à des hommes politiques – Jacques Chirac et Dominique de Villepin notamment. L’affaire s’était soldée par un non-lieu.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Son nom est réapparu au cours de la campagne présidentielle. Le 12 mars, le JDD a révélé que l’homme avait offert, fin 2016, deux costumes de luxe de la marque Arnys pour une valeur de 13 000 euros. Un scandale de plus pour François Fillon, déjà déstabilisé par les révélations du Canard Enchaîné sur la gestion de ses collaborateurs parlementaires, qui lui ont valu une mise en examen.
« On voulait que je participe à la dissipation de tout doute autour de cette histoire »
Après un mois de silence, Robert Bourgi a décidé de prendre la parole, dans une interview donnée au site Mediapart. Et il n’y va pas de main morte. Il explique que son silence durant l’affaire était dû à « des amis politiques [qui] voulaient m’apporter la bonne parole. Dans le camp de M. Fillon et venant de M. Fillon lui-même, on voulait que je participe à la dissipation de tout doute autour de cette histoire, sur laquelle je crois pouvoir dire que je détiens la vérité. »
Robert Bourgi assure qu’il a eu à faire à François Fillon à plusieurs reprises après la révélation de cette affaire :
« A plusieurs reprises, il a fait appel à ma solidarité de gaulliste. (…) François Fillon et sa très grande papesse de la communication, Anne Méaux, ont souhaité que je ne dise rien concernant l’identité de la personne qui a offert les costumes : moi. L’un et l’autre m’ont appelé dès le samedi après-midi [la veille de la publication du JDD – ndlr] pour que je ne dise pas que c’était moi. Je leur ai demandé pourquoi. Ils m’ont dit : « Tu sais, c’est la Françafrique, on va penser que… ». Mais qu’est-ce que la Françafrique a à voir avec cela ? Par conséquent, j’ai été contraint pendant une semaine de mentir. Finalement, lorsque Le Monde a sorti mon nom, j’ai confirmé. Je n’ai pas accepté d’avoir dû cacher mon identité pendant une semaine.
Un costume offert pour Noël !
Il donne ensuite sa version des faits : il reconnaît avoir offert deux costumes à François Fillon, « pour sa victoire à la primaire de la droite », qu’il a payé 13 000 euros.
« Il en avait d’ailleurs été très touché », complète Bourgi, avant d’ajouter : Le lendemain de l’émission [L’Emission politique du 23 mars] (…) l’un de ses collaborateurs m’a rapporté les costumes. Mais il y en avait trois… Deux qu’il avait donc portés deux mois. Et un troisième, qui était un blazer bleu marine et un pantalon gris que je lui avais offerts, en 2014, pour Noël (sic!) ».
Robert Bourgi garde un goût amer de cette histoire : « Là où je me suis énervé, c’est quand il est passé chez Jean-Jacques Bourdin sur RMC où il a dit que j’étais un homme âgé, dégagé de toute responsabilité. Ça, je ne l’ai pas supporté. » L’avocat assure que François Fillon est le seul homme politique à qui il ait offert des costumes. On apprend au passage que les deux hommes se connaîtrait depuis la fin des années 1970, quand François Fillon n’était encore qu’un collaborateur du ministre Joël Le Theule.
{"type":"Banniere-Basse"}