Voilà donc, après sa diffusion en juin sur Arte, la première sortie en salles d’un film de la collection « Petites caméras » conçue pour exploiter les retombées du Dogme danois. Tourné à la minicaméra numérique par Jean-Paul Meurisse, le cadreur de Breaking the waves, N 7 est un Idiots à la française, c’est-à-dire pesamment franchouillard, mais […]
Voilà donc, après sa diffusion en juin sur Arte, la première sortie en salles d’un film de la collection « Petites caméras » conçue pour exploiter les retombées du Dogme danois. Tourné à la minicaméra numérique par Jean-Paul Meurisse, le cadreur de Breaking the waves, N 7 est un Idiots à la française, c’est-à-dire pesamment franchouillard, mais surtout, très politiquement correct, malgré son apparence satirique et libérée. Il s’agit ici de réhabiliter (ou plutôt d’habiliter) les handicapés à travers l’humour et la sexualité. Mais peu importe le sujet du film, qui suscite mécaniquement l’adhésion du spectateur, égocentriquement ému car il se projette dans ces êtres défavorisés en se disant : « Et si j’étais comme ça… » Le hic majeur, c’est l’interprétation. Si les acteurs des Idiots incarnaient des personnes « normales » jouant aux « débiles » par esprit de provocation socio-politique (ploum-ploum tralala, l’anarchie…), ceux de N 7 sentent la sueur et l’application. L’intention première n’était sûrement pas de ridiculiser ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir maîtriser leur corps comme tout le monde, mais cela revient au même. Les comédiens font la même chose que leurs confrères danois, mais sans aucune distanciation. Ils prétendent être ceux qu’ils miment horriblement. De là à dire que la représentation de certains handicaps est impossible, voyeuriste, racoleuse, il n’y a qu’un pas. C’est du hold-up émotionnel qui, évidemment, peut rapporter gros. Nombre de producteurs l’ont compris depuis belle lurette : voir les tripotées de Rain Man ou de Huitième jour qui ont déboulé. Bien sûr, on peut dire que Nationale 7 est « moins pire » car on ne cherche pas systématiquement à faire pleurnicher Margot. On essaie de nous présenter la vie ordinaire et les problèmes concrets des handicapés sans prendre de pincettes, de la façon la plus triviale. Mais est-ce mieux ? Les handicapés sont sans doute plus sympas vus comme des bouffons que comme des victimes, mais ce n’est toujours pas ça qui leur « redonnera de la dignité ».