Voilà un tout petit Woody Allen, un divertissement léger léger sans grande profondeur ni conséquence, où les effets comiques proviennent essentiellement d’une Tracey Ullman pétulante aux dépens d’un Woody plutôt répétitif et fatigué. Et pourtant, Escrocs… est le plus gros succès américain de Woody depuis bien longtemps. Au-delà de la distribution, plusieurs raisons à ce […]
Voilà un tout petit Woody Allen, un divertissement léger léger sans grande profondeur ni conséquence, où les effets comiques proviennent essentiellement d’une Tracey Ullman pétulante aux dépens d’un Woody plutôt répétitif et fatigué. Et pourtant, Escrocs… est le plus gros succès américain de Woody depuis bien longtemps. Au-delà de la distribution, plusieurs raisons à ce carton. D’abord, Escrocs… est largement pompé sur une série à succès des années 50, The Honeymooners, ancêtre des sitcoms mettant aux prises un couple de prolos de Brooklyn rêvant d’élever sa modeste condition. Scènes de ménage hilarantes, mari entreprenant mais pas très malin, trivialité assumée et méfiance des codes sociaux des gens de la haute : tous les ingrédients des Honeymooners se retrouvent chez Allen. La différence, c’est que Ray et Frenchie, le couple d’Escrocs…, finissent par rencontrer la réussite financière en faisant fortune dans le cookie. Leur statut de nouveaux riches est d’ailleurs prétexte aux passages les plus drôles du film : domicile décoré dans un kitsch outrageux, Ray en costards atrocement voyants, Frenchie qui a soudain faim de Kulture et qui truffe sa conversation de mots sophistiqués fraîchement appris par ordre alphabétique ! Mais on ne s’improvise pas fins gourmets ou connaisseurs avisés du mouvement impressionniste. Frenchie finit par comprendre ce que Ray a très vite senti intuitivement : il vaut mieux se contenter de rester ce qu’on est plutôt que s’emmerder à être ce qu’on n’est pas. C’est certainement cette revanche de la culture populaire US sur l’élitisme culturel européen qui a achevé de conquérir les masses américaines. Reste que venant de Woody, grand amateur de base-ball et de hamburgers, certes, mais aussi amoureux de Paris, de Bergman et de Fellini, auteur adulé en Europe et généralement mésestimé aux USA, cette charge contre la culture haute et cette défense du déterminisme social surprend et déçoit sans parler d’une baisse sensible sur l’échelle de l’hilarité.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}