La polémique après la parution de son livre Qui est Charlie ? en mai 2015 avait un peu terni son image. Cette fois-ci, Emmanuel Todd s’exprime sur Nuit debout dans un entretien accordé à Fakir. Toujours doté de son franc-parler, il affirme son soutien au mouvement contestataire.
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« Nuit Debout contre le grande vide. » Notre entretien avec @todd_emmanuel https://t.co/8WQPbL7two pic.twitter.com/t7JZJsdFXI
— Fakir presse (@Fakir_) April 20, 2016
Lorsque François Ruffin l’interroge sur l’ampleur de Nuit debout, en lui demandant si ‘’c’est un petit truc’’, Todd lui rétorque que ‘’c’est peut-être une petite chose mais au milieu de rien.’’
L’historien et démographe dénonce le ‘’grand vide’’ actuel dont les médias ont conscience sans pour autant le remettre en cause. D’ordinaire, les journalistes ‘’savent qu’ils donnent la parole à des hommes politiques méprisables, inexistants, tellement creux’’, regrette Emmanuel Todd. Si Nuit debout attire leur attention, c’est peut-être la preuve d’un réveil.
Baston de générations
Le sexagénaire est enthousiaste : Nuit debout est ‘’une étape dans la maturation des esprits’’, un palier significatif avant une nouvelle ère. Certains peuvent reprocher à Nuit debout d’être une agrégation de bobos mais Emmanuel Todd fait remarquer que ces bobos ‘’c’est désormais 40 % d’une tranche d’âge.’’
‘’Et surtout, il faut comprendre, faire comprendre, que les stages à répétition, les boulots pourris dans les bureaux, les sous-paies pour des surqualifications, c’est la même chose que la fermeture des usines, que la succession d’intérim pour les jeunes de milieux populaires. La baisse du niveau de vie, c’est pour toute une génération.”
Selon lui, les clivages ne s’observent plus entre les classes mais entre les générations. Nuit debout incarne la rébellion des jeunes dans une ‘’société française (…) sous la coupe des vieux et des banques’’.
‘’Le suffrage universel devient un mode d’oppression des jeunes par les vieux, qui décident d’un avenir qu’ils n’auront pas à habiter. Je milite pour la mise à mort de ma génération.’’
L’interview montre un Emmanuel Todd taquin, qui se réjouit de l’éviction de Finkielkraut car jusqu’alors il trouvait ‘’les jeunes trop gentils, au vu de la domination qu’ils subissaient.’’
L’historien n’assimile pas pour autant les mouvements de mai 68 à ceux de Nuit debout. La première différence ? Le collectif. ‘’Les soixante-huitards ont découvert les joies de l’individualisme, mais ils avaient derrière eux, dans leur famille, une solide formation dans des collectifs.’’ Et Emmanuel Todd d’ajouter : ‘’Là, ces générations sont nées individualistes.’’
Ce problème d’organisation ne relève pas, selon lui, d’un manque de réflexes mais d’une véritable volonté. Pourtant, ‘’Pas de révolution sans organisation !’’, conseille Emmanuel Todd pour conclure, en glissant l’air de rien une petite référence à Lénine.
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