Le Tarn, l’été, grosse chaleur. Juliette trompe son ennui en chevauchant sa mobylette et les tumescences d’ados de son âge, chevelus lymphatiques adeptes de death metal ou skinhead à l’accent pointu et aux neurones émoussés. Une vraie jeune fille donc, mais dont le désir sature moins l’écran que les grillons la bande-son, et qui joue […]
Le Tarn, l’été, grosse chaleur. Juliette trompe son ennui en chevauchant sa mobylette et les tumescences d’ados de son âge, chevelus lymphatiques adeptes de death metal ou skinhead à l’accent pointu et aux neurones émoussés. Une vraie jeune fille donc, mais dont le désir sature moins l’écran que les grillons la bande-son, et qui joue au sexe comme d’autres au flipper, encore inapte à injecter à ses ébats la fiévreuse magnificence de la nature qui les abrite. Emois teenage, assortiment de crudité, lassitude au supermarché, démission des parents, la première demi-heure sillonne un champ maintes fois moissonné mais on est preneur, parfois du bout des lèvres, parfois à pleine bouche quand la mise en scène calque ses audaces sur les gestes inconsidérés d’un nouvel amant impétueux. D’abord focalisé autour de Juliette, figure nodale, le film progressivement affirme sa fascination pour les toiles toile d’araignée, tissée dans les buissons ou tatouée sur le coude d’un skin, mais aussi l’attrape-rêves du titre, sorte de hochet filandreux tressé par les Indiens d’Amérique et, se faisant délicatement arachnéen, étend ses ramifications vers d’autres personnages, genres ou territoires sans que son assise n’ait à pâtir de cette disparité. Alain Ross peut s’adonner au western l’intrusion pleine de bruit et de fureur dans une HLM autrefois louée par Brisseau , à la comédie ou au mysticisme, il parvient le plus souvent à maintenir son équilibre et sonner juste, cimentant sa mosaïque à l’aide de longs plans amniotiques (sérénité des scènes de piscine) ou panthéistes. Plus friable, moins mature et incontestable qu’une œuvre comme L’Arche de Noë de Philippe Ramos, ou un ton en dessous du puissant Possible amour de Christophe Lamotte, L’Attrape-rêves ne vient pas infléchir la tendance prise par le jeune cinéma français : à ciel ouvert, loin des villes, attaché à sa terre, vivifié par les éléments, pétantla santé. A Paris, on n’ose plus trop la ramener.
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