Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la campagne, si vous n’aimez pas les tout premiers Godard, devez-vous pour autant craindre l’injonction cinglante proférée par un certain Michel Poiccard ? Certainement pas. Film aimable plutôt qu’objet gentil, Banqueroute prend trop de plaisir à surfer sur sa “nouvelle vague” préférée pour se laisser […]
Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la campagne, si vous n’aimez pas les tout premiers Godard, devez-vous pour autant craindre l’injonction cinglante proférée par un certain Michel Poiccard ? Certainement pas. Film aimable plutôt qu’objet gentil, Banqueroute prend trop de plaisir à surfer sur sa « nouvelle vague » préférée pour se laisser éclabousser par ses contempteurs et les envoyer faire banquette. Alors oui, l’abondance de citations, entre jump-cuts labelisés A bout de souffle et jeu du question-réponse avec un adorable clone d’Anna Karina, peut, à force, engendrer l’irritation. Mais Antoine Desrosières pare cette obédience de tant d’allant et d’enthousiasme juvénile qu’il serait malvenu de lui chercher des poux. Sans atermoiements ni scénario (juste un garçon et une fille dans une voiture), il décide, une semaine seulement après qu’en ait germé l’idée, de lancer sur la route un film qui tracera au jour le jour son propre itinéraire. Au volant, Nicolas Lanson (en VO Nick Leeson, le dynamiteur de la Barings Bank), un broker en fuite qui applique à ses prises de coke la prévention des panneaux autoroutiers : « 2 traits = sécurité », bien senti. Véritable tigre dans le moteur, Matthieu Demy emballe habilement la machine et s’affirme tout aussi à l’aise dans les aires poétiques ménagées par son cinéaste, telle cette belle scène d’amour sous une bourrasque de plumes. Quarante-cinq minutes à ce régime, puis la mécanique tend à se gripper et le film à se sédentariser, accueillant plus régulièrement les travers ados bleu layette qui entachaient déjà A la belle étoile, jusqu’à frôler le hara-kiri en culottes courtes lors des flash-backs autour de Lanson enfant. Qu’importe, la très bonne impression de départ ne saurait totalement s’étioler, surtout quand l’énergie déployée ménage des espaces à une maturité de bon augure. Porteur d’un conséquent capital sympathie, il ne reste plus à Desrosières qu’à affiner sa tenue de route. Dès lors, faire sauter la banque de nos engouements sera à sa portée.
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