Autour d’une petite place du XVIIIe arrondissement de Paris, des jeunes gens survivent entre deals de dope et règlements de comptes, entre les cafés qui jouent leur rôle vitrine d’irremplaçable lieu social et leur rôle arrière-salle d’agent du système mafieux local. A voir Les Marchands de sable, on sent bien que Pierre Salvadori et son […]
Autour d’une petite place du XVIIIe arrondissement de Paris, des jeunes gens survivent entre deals de dope et règlements de comptes, entre les cafés qui jouent leur rôle vitrine d’irremplaçable lieu social et leur rôle arrière-salle d’agent du système mafieux local. A voir Les Marchands de sable, on sent bien que Pierre Salvadori et son coscénariste (notre Nico Saada national) sont cinéphiles et lecteurs érudits, qu’ils ont vu et lu tous les polars sociaux et autres films noirs de la création, qu’ils en ont saisi tous les codes et règles, compris tous les pièges et clichés. Par exemple, ils savent définir et circonscrire un lieu (un quartier en friche à la lisière de la banlieue, la place circulaire, les deux cafés face à face, etc.), inscrire leur histoire de petits gangsters dans un quotidien de proximité, se servir du genre (le polar) pour raconter la société contemporaine (le racket et l’économie parallèle en milieu urbain), inventer une figure à la fois topographique et narrative (ici, le cercle, celui de la place et celui de la circulation de l’argent et des problèmes)… De Hitchcock, ils ont retenu qu’on pouvait se permettre de faire disparaître le personnage principal au tiers du film, et qu’on faisait parfois un film par envie de tourner une scène bien précise (ici, la mort lente de Mathieu Demy/Antoine, précédée d’une haletante poursuite à pied dans les ruelles du XVIIIe : séquence en effet très réussie). Tout cela est fort respectable, mais pas franchement novateur ou singulier : les leçons cinéphiles ont été fort bien retenues, ce qui est déjà pas mal, mais on aurait préféré qu’elles soient violemment transgressées. Dans le paysage du polar français, il manque toujours une dimension par rapport aux Américains ou aux Asiatiques, aux Scorsese, Ferrara ou Kitano. Ce quelque chose peut s’appeler l’audace, l’inventivité rythmique ou figurative, la puissance d’incarnation… Les Marchands de sable est plus qu’honorable, mais trop mince et théorique pour emballer vraiment.
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