Le Haut-commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, considère que la tribune anti-migrants publiée par le tabloïd britannique The Sun mi-avril relevait de la propagande génocidaire, écrivant notamment qu’elle était formulée “dans un langage très similaire à celui employé par le journal Kangura et la Radio des Mille Collines au Rwanda au […]
Le Haut-commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, considère que la tribune anti-migrants publiée par le tabloïd britannique The Sun mi-avril relevait de la propagande génocidaire, écrivant notamment qu’elle était formulée « dans un langage très similaire à celui employé par le journal Kangura et la Radio des Mille Collines au Rwanda au cours de la période précédant le génocide de 1994″
Suite au naufrage d’un chalutier en Méditerranée le 19 avril dernier, qui aurait fait 800 morts selon le Haut Commissariat des Nations unies aux Réfugiés, le Sun avait publié une tribune xénophobe intitulée « Rescue boats? I’d use gunships to stop migrants » (« Des bateaux de secours? J’utiliserais des navires de combat pour stopper les migrants« ), signée Katie Hopkins. La polémiste britannique, connue pour ses sorties racistes, y déclarait:
« Montrez moi des images de cercueils, des corps flottant dans la mer, jouez du violon et montrez-moi des personnes maigres et l’air triste. Je n’en ai toujours rien à faire. Ne vous y trompez pas, ces migrants sont comme des cafards. Ils ont beau avoir l’air un peu de « l’Ethiopie de Bob Geldof circa 1984 » [cette année-là, le chanteur britannique met sur pied le « Live Band Aid » afin de récolter des fonds pour venir en aide aux victimes de la famine en Ethiopie, ndlr], ils sont fait pour survivre à une bombe nucléaire. Ce sont des survivants. »
Au vu de la violence de ce texte, Zeid Ra’ad Al Hussein n’a pas hésité à dresser un parallèle entre les propos tenus par Katie Hopkins et la propagande nazie : « Les médias nazis décrivaient les personnes que leurs dirigeants souhaitaient éliminer comme des rats et des cafards »:
« Ce type de langage est clairement inflammatoire et inacceptable- spécialement dans un journal national. La rédaction de The Sun a pris la décision éditoriale de publier cet article, et devrait – s’il est considéré comme une violation de la loi- être tenue responsable au même titre que son auteur. »
Pour lui, loin d’être un cas isolé, cette tribune témoigne de la violence xénophobe régulièrement relayée par les tabloïds britanniques. « Les attaques violentes à destination des migrants et des demandeurs d’asile au Royaume-Uni par la presse à scandale sont demeurées impunies par la loi depuis bien trop longtemps. » Et de préciser:
« Je suis un indéfectible défenseur de la liberté d’expression, garantie par l’Article 19 de la Convention internationale des Droits civils et politiques, mais ce n’est pas absolu. L’article 20 de la même convention dispose que « tout avocat de la haine nationale, raciale ou religieuse incitant à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence devrait être puni par la loi ».
L’ONG britannique Society of Black Lawyers a demandé l’ouverture d’une enquête contre le Sun afin de déterminer si cet article constitue une incitation à la haine raciale. Une pétition demandant au Sun de licencier Katie Hopkins a atteint près de 300 000 signatures.