Compilation de clichés éculés sur le sport-spectacle, L’Enfer du dimanche d’Oliver Stone est aussi vide que pénible, dégonflé comme un vieux ballon. Un célèbre entraîneur de football voit sa légende décliner lorsque son équipe, les Miami Sharks, subit trois défaites consécutives. Menacé de licenciement par la jeune et ambitieuse propriétaire du club, il ne doit […]
Compilation de clichés éculés sur le sport-spectacle, L’Enfer du dimanche d’Oliver Stone est aussi vide que pénible, dégonflé comme un vieux ballon.
Un célèbre entraîneur de football voit sa légende décliner lorsque son équipe, les Miami Sharks, subit trois défaites consécutives. Menacé de licenciement par la jeune et ambitieuse propriétaire du club, il ne doit son salut qu’à l’émergence surprenante d’un joueur noir qui réalise des exploits sur le terrain et devient une vedette du show-business sportif. Tous les films d’Oliver Stone (à l’exception de ses deux premiers, des contes horrifiques, et de son avant-dernier, U-turn) sont des dossiers audiovisuels sur des phénomènes de société ou des événements de l’histoire contemporaine des Etats-Unis. L’Enfer du dimanche ne déroge pas à la règle puisqu’il fourre son nez dans les coulisses du football. Mais tandis que JFK ou Tueurs-nés regorgeaient de révélations fumeuses et de gesticulations théoriques, le dossier foot se révèle aussi dégonflé qu’un vieux ballon.
Parmi le chapelet de lieux communs égrené par Stone pendant 150 mn, on apprend ainsi que le foot est un sport d’équipe (véridique), que l’important ce n’est pas de perdre ou de gagner mais de le faire en homme (toi Oliver Stone, moi Conan le barbare), que le sport-spectacle c’est pas bien, ça ramollit les joueurs, etc. Pour combler la vacuité de son film, qui n’a strictement rien à dire mis à part « Le sport, c’était mieux avant » (la guerre, la politique, les médias aussi : Stone radote), le réalisateur de Nixon se sent obligé d’en rajouter dans les nombreuses catégories où il est passé maître : la vulgarité, la misogynie, l’épate cinématographique, la provocation poids lourd. Il fignole un travail formel né d’une trop longue consommation de drogues et de MTV : les matchs sont filmés comme le débarquement de Spielberg, les corps à corps se transforment en bouillies visuelles et sonores, et on assiste, partagé entre le fou rire et l’écœurement, à la multiplication de scènes hallucinatoires vaguement mystiques, vaguement païennes. André Cayatte + Ken Russell = Oliver Stone.
Cet hymne bruyant à la virilité ne s’encombre pas de finesse, et lorsque Al Pacino (bon comme d’habitude, et très convaincant dans le rôle d’Aimé Jacquet) invite chez lui le joueur-vedette pour lui faire la leçon avec en montage parallèle la course de chars de Ben Hur en 16/9e sur sa grosse télé (ah oui ! mais c’est sûr, les footballeurs sont des gladiateurs modernes), le summum du ridicule est atteint.
Oliver Stone, les couilles en bandoulière et le cerveau au vestiaire, a réalisé sa version des Dieux du stade, et un bien mauvais film, avec toute la subtilité dont il est capable, c’est-à-dire celle d’un panzer. Un joueur vomit à chaque match : c’est exactement l’envie que donne L’Enfer du dimanche, trop plein d’images et trop vide d’idées.