Lors du procès dit “du Carlton”, plusieurs prostitués ont raconté avoir subi des pratiques sexuelles non consenties. Jade est par exemple revenue sur le moment “plus que désagréable” qu’elle a passé avec DSK en 2009, et au cours duquel elle aurait subi un rapport anal non voulu, qu’elle a qualifié d’”empalement de l’intérieur”. Plusieurs personnes, dont […]
Lors du procès dit « du Carlton », plusieurs prostitués ont raconté avoir subi des pratiques sexuelles non consenties. Jade est par exemple revenue sur le moment « plus que désagréable » qu’elle a passé avec DSK en 2009, et au cours duquel elle aurait subi un rapport anal non voulu, qu’elle a qualifié d’”empalement de l’intérieur”. Plusieurs personnes, dont Thierry Schaffauser du STRASS, se sont étonnées que ces violences ne soient pas davantage prises en compte au cours du procès. Une situation certainement due au fait que la société reconnaît difficilement qu’une prostituée puisse être victime d’agression sexuelle.
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Pourtant, un rapport d’information sur la prostitution déposé à l’Assemblée nationale en 2011 fournit des données accablantes. En Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis, “61 % à 91 % des personnes prostituées interrogées ont été physiquement agressées. De 63 % à 76 % ont déjà été violées dans l’exercice de leur activité, et ceci plus de cinq fois pour la plupart d’entre elles”.
Or, si seulement 11 % des victimes de viol portent plainte en France, elles pourraient être encore moins nombreuses parmi les travailleurs sexuels qui n’osent souvent pas pousser la porte d’un commissariat. Dans un rapport sur le sujet, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes explique entre autres:
« Le dépôt de plainte peut se révéler être pour elles un obstacle infranchissable. (…) Les contraintes exercées par le proxénète constituent également une dissuasion majeure. (…) Le fait que ces personnes soient généralement considérées comme des délinquantes par les forces de l’ordre, notamment en raison de l’incrimination du racolage, explique les réticences de ces dernières à déposer plainte, quand ce ne sont pas les forces de l’ordre elles-mêmes qui sont à l’origine des violences. »
Par ailleurs, en tant que prostitué(e)s, elles sont souvent considérées comme « volontaires » note Nicolas Berthier, avocat pénaliste, qui parle de « présomption de consentement ». Egalement interrogée à ce sujet, Morgane Merteuil, porte-parole du STRASS, estime:
« Elles pensent parfois que ce n’est pas légitime d’appeler cela un viol dans la mesure où elles sont travailleuses du sexe. Il faut lutter contre cette stigmatisation qui est aussi problématique pour celles qui ne sont pas dans le milieu prostitutionnel. Car si des femmes ont de nombreuses relations sexuelles, elles sont considérées comme des « putes » et leur viol n’est pas reconnu non plus. »
C’est un des arguments qu’avance le STRASS pour réclamer la reconnaissance du statut de travailleur sexuel. « Cela permettrait de reconnaître le viol et les violences en général, le fait qu’aucune femme ne mérite d’être violée, pas même les travailleuses du sexe. » avance Morgane Merteuil.
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