Le Royal De Luxe, troupe de théâtre de rue qui sillonne inlassablement les continents depuis vingt ans, a passé six mois au Cameroun entre 97 et 98. Le film retrace cette tournée atypique dans les villes et les villages de brousse, où les auteurs-comédiens-marionnettistes-décorateurs menés par Jean-Louis Courcoult s’imprègnent des réalités locales pour concevoir des […]
Le Royal De Luxe, troupe de théâtre de rue qui sillonne inlassablement les continents depuis vingt ans, a passé six mois au Cameroun entre 97 et 98. Le film retrace cette tournée atypique dans les villes et les villages de brousse, où les auteurs-comédiens-marionnettistes-décorateurs menés par Jean-Louis Courcoult s’imprègnent des réalités locales pour concevoir des spectacles tenant du conte, du happening et de l’art brut, que les Africains découvrent, ébahis comme des enfants. Pour familiariser ces spectateurs néophytes à son univers, le Royal De Luxe utilise, en guise de cheval de Troie, une marionnette géante d’enfant noir, haute de six mètres et demi et mue par un camion, qui arpente la savane comme une sorte de divinité énigmatique.
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Le film de Dominique Deluze rend compte de cette expérience, enrichissante pour les acteurs comme les spectateurs, qui préfigure un mode de métissage culturel consistant à associer un imaginaire européen et des traditions africaines, et vice-versa. Au lieu de suivre de façon conventionnelle l’élaboration d’une pièce, puis sa représentation, on ignore toute chronologie. Car entre la fabrication des accessoires, des décors, les spectacles proprement dits et la vie quotidienne de la troupe dans les villages camerounais, il n’y a pas de solution de continuité. Non seulement « le spectacle est dans la rue », mais il n’emploie aucun des codes classiques ; les marionnettistes, aussi visibles que leurs pantins, évoluent au milieu de la foule ; certaines saynètes mettent le public à contribution, comme cet épatant « Tour du Cameroun à vélo », où des autochtones pédalant sur des bicyclettes fixées au sol font avancer des petits vélos sur une carte du pays. Mais en définitive, on retient moins les mises en scène du Royal De Luxe que les visages épanouis et les yeux écarquillés des Africains vierges de préjugés, assimilant le théâtre à la magie, et disant avoir été « rendus bègues » par l’émotion ou avoir « failli mourir de rire ». On les envie.
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