Hommage impitoyable à une profession que manifestement Bertrand Blier abhorre, Les Acteurs n’est pas le premier film, sous prétexte de célébrer des amis cabotins, à leur planter un couteau dans le dos. On pense au triste Grands ducs de Leconte, qui caricaturait déjà allégrement la profession. Alors le truc du film, c’est quoi ? Les […]
Hommage impitoyable à une profession que manifestement Bertrand Blier abhorre, Les Acteurs n’est pas le premier film, sous prétexte de célébrer des amis cabotins, à leur planter un couteau dans le dos. On pense au triste Grands ducs de Leconte, qui caricaturait déjà allégrement la profession. Alors le truc du film, c’est quoi ? Les acteurs (Dussollier, Marielle, Villeret, Arditi, etc.) sont nommés par leur vrai nom. Big deal ! Michel Blanc et Karim Dridi ont déjà donné avec Grosse fatigue et Hors jeu. En plus, quelques mois après Being John Malkovich, ça fait redite. Mais le sujet des Acteurs n’est pas tant le paradoxe du comédien que les aléas de la notoriété. On n’est pas chez Diderot, plutôt chez Bouvard. On ne va pas résumer le film, constitué de situations plus ou moins décousues se déroulant aux alentours des Champs-Elysées, où Blier joue sur le hiatus entre la réalité et la fiction, sur le fait d’être reconnu ou pas quand on est célèbre, et sur des détails anecdotiques de la vie privée de tel ou tel acteur (l’homosexualité de Brialy, l’accident de moto de Depardieu). Ça commence avec une longue scène au restau où Jean-Pierre Marielle est désemparé car le serveur ne lui apporte pas le « pot d’eau chaude » qu’il réclame. Cette scène, leitmotiv du film, est censée être une métaphore de l’oubli dans lequel tombent certains comédiens. Hélas, ce n’est pas flatteur pour ceux-ci, qui sont ainsi réduits à leur dimension narcissique. En fait, tout cela ressemble surtout à un long bout-à-bout de sketches grotesques tels que la cérémonie des Césars nous en inflige chaque année. De plus, ce tableau de la profession, qui ne respire déjà pas la santé et la jeunesse pratiquement pas une « star » de moins de 50 ans , s’achève sur le mode nécrologique cher à la cérémonie susnommée, par les conversations d’outre-tombe de Claude Brasseur et de Bertrand Blier lui-même, avec leurs pères respectifs. Ce n’est pas un film, c’est un enterrement de première classe.