Album après album, l’Anglais poursuit ses explorations sonores avec la fougue mêlée de savoir-faire d’un musicien au sommet de son art.
On imagine mal, de ce côté-ci de la Manche, le statut dont jouit Paul Weller en Angleterre. Telle la figure du commandeur, l’homme incarne là-bas une sorte d’absolu pop, un idéal de constance et d’intégrité auquel aspirent toutes les rock-stars en herbe du pays, qui se placent volontiers sous son parrainage bienveillant.
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Quarante ans de carrière, ça en impose, surtout quand, comme l’ex-leader des Jam et du Style Council, on est toujours resté fidèle à ses principes, qu’ils soient esthétiques ou politiques. Pourtant, loin d’être figé dans une quelconque routine – ce dont personne n’oserait d’ailleurs lui tenir rigueur –, Paul Weller s’est régulièrement inscrit dans la rupture, n’hésitant pas, par exemple, à dissoudre The Jam pourtant au sommet de sa gloire. De même, en 2008, avec 22 Dreams, tournait-il le dos aux vieilles recettes britpop qui, depuis ses débuts en solo, lui assuraient une rente dorée dans les charts anglais.
De ce point de vue, avec ses fulgurances sonores et son aspiration au grand large, cet album constituait un incroyable bond en avant auquel fait aujourd’hui écho A Kind Revolution. Au sommet de son art, Paul Weller peut tout se permettre, tant la dimension panoramique de son écriture alliée à sa maestria technique et à sa science du studio lui offrent toute latitude, y compris réveiller la voix moribonde de Boy George pour un exercice de groove aussi substantiel qu’inattendu (One Tear).
Epatant d’audace et de modernité, l’album explore ainsi toutes les facettes de la soul (Long Long Road), du funk (She Moves with the Fayre) ou pourquoi pas du blues (Satellite Kid), sans jamais se départir de cette épaisseur mélodique, de cette exubérance instrumentale, de ce souffle vital, dont seuls peuvent se targuer les vrais chefs-d’œuvre.
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