Le sujet du bac français 2015 des filières ES et S a soulevé la polémique vendredi dernier. Les candidats ont planché sur un extrait de la pièce Le tigre bleu de l’Euphrate (Actes Sud) de Laurent Gaudé. Et notamment, à leur grand désespoir, la phrase “Je suis celui qui n’a pas osé suivre jusqu’au bout le tigre […]
Le sujet du bac français 2015 des filières ES et S a soulevé la polémique vendredi dernier. Les candidats ont planché sur un extrait de la pièce Le tigre bleu de l’Euphrate (Actes Sud) de Laurent Gaudé. Et notamment, à leur grand désespoir, la phrase « Je suis celui qui n’a pas osé suivre jusqu’au bout le tigre bleu de l’Euphrate ». En sortant, les lycéens indignés se sont précipité sur leur portable pour vérifier si le tigre bleu désignait un animal de cette couleur ou un fleuve du Moyen-Orient.
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Ce tigre bleu il aura traumatisé toute la génération 98 #BacFrançais pic.twitter.com/oEBoqCcgxc
— ⚡ L’ÉCLAIR JAUNE ⚡ (@Futalors) June 19, 2015
Avant la fin de l’épreuve, les élèves se plaignaient déjà sur twitter. Une vaque de hashtags #tigrebleu a déferlé sur la toile. Certains ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux à coup de théorie du complot :
Laurent Gaudé ça va lui faire de la pub du coup à ce fdp et son tigre bleu, si j’ai pas mon bac fr a cause de lui jle balance dans l’fleuve
— m (@mariejumel) 19 Juin 2015
D’autres, plus philosophes, ironisaient sur un possible sujet de la filière S , faisant du mystère du tigre bleu une question scientifique:
Sujet du #BacSciences : « Comment peut on guérir la vision d’Alexandre le Grand qui voit un tigre bleu? » — Le bianconero (@UnTurinois) 22 Juin 2015
Lundi 22 juin, Laurent Gaudé a déclaré « comprendre » l’inquiétude des lycéens autour de ce tigre bleu. Il a expliqué: « Dans ce texte, Alexandre Le Grand parle à la mort et raconte une dernière fois sa vie. Il évoque notamment la rencontre qu’il a faite avec un animal imaginaire et mythologique : le tigre bleu. Dans ces terres de Mésopotamie où coulent deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate, le félin et le fleuve ont le même nom, oui. La poésie invite, à travers des jeux d’échos, des métaphores, des associations d’idées, à développer l’imaginaire et l’émotion ».
Que les futurs bacheliers se rassurent, les deux interprétations étaient donc légitimes. L’auteur a exprimé sa « surprise » lorsqu’il a appris que sa pièce se trouvait dans le choix des sujets. Il salue l’arrivée d’auteurs contemporains au sein de l’examen, qu’il considère comme « une manière pour le pays (…) de saluer la voix vivante de ses écrivains ».
Les sujets de la série technologique comportaient aussi un écrivain contemporain: Joy Sorman avec son roman La peau de l’ours (Gallimard). L’auteur, qui se rend régulièrement dans les classes, affirme que les étudiants « découvrent qu’on peut être écrivain et encore en vie, voire écrivain et jeune, écrivain et femme, écrivain et porter un jean, écouter du rock ».
Pour Dominique Viart, professeur à l’Université Paris-Ouest Nanterre, intégrer des écrivains tels que Laurent Gaudé ou Joy Sorman dans les sujets de l’examen est un « faux problème ». Il affirme qu’ »Opposer la littérature contemporaine à la littérature patrimoniale revient à oublier que n’importe quelle littérature a été contemporaine ». Pour lui, les œuvres contemporaines sont « beaucoup plus stimulantes pour les candidats », car elles permettent de « convoquer la culture littéraire précédemment acquise dans le bain vivant de la création ».
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