Agressée physiquement à Casablanca la semaine dernière, l’actrice marocaine Loubna Abidar explique, dans une tribune publiée sur le site du Monde, pourquoi elle a décidé de quitter son pays. Elle commence par revenir sur la polémique déclenchée par le film de Nabil Ayouch au Maroc: “Much Loved dérangeait, parce qu’il parlait de la prostitution, officiellement interdite au Maroc, […]
Agressée physiquement à Casablanca la semaine dernière, l’actrice marocaine Loubna Abidar explique, dans une tribune publiée sur le site du Monde, pourquoi elle a décidé de quitter son pays. Elle commence par revenir sur la polémique déclenchée par le film de Nabil Ayouch au Maroc:
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« Much Loved dérangeait, parce qu’il parlait de la prostitution, officiellement interdite au Maroc, parce qu’il donnait la parole à ces femmes qui ne l’ont jamais. Les autorités ont déclaré que le film donnait une image dégradante de la femme marocaine, alors que ses héroïnes débordent de vie, de combativité, d’amitié l’une pour l’autre, de rage d’exister. »
Et parle du climat de haine dans lequel elle a du vivre depuis la sortie du film:
« Sur Facebook et Twitter, mon nom est associé à celui de « sale pute » des milliers de fois par jour. Quand une fille se comporte mal, on lui dit « tu finiras comme Abidar ». Tous les jours, je lis que je suis la honte des femmes marocaines. Chaque semaine, je reçois des menaces de mort. J’ai encore des amis et des proches pour me soutenir, mais beaucoup se sont détournés de moi. Pendant des semaines, je ne suis pas sortie de chez moi, ou alors uniquement pour des courses rapides, cachée sous une burqa (quel paradoxe, me sentir protégée grâce à une burqa…). »
Agressée par trois hommes ivres
Loubna Abidar détaille ensuite les circonstances de son agression du 5 novembre. Alors qu’elle se promène dans la rue à Casablanca, le visage découvert, trois jeunes hommes saouls l’embarquent dans leur voiture, où ils la rouent de coups en l’insultant. « J’ai eu de la chance, ce n’était « que » des jeunes enivrés qui voulaient s’amuser… D’autres auraient pu me tuer. » écrit-elle. Les médecins et policiers auprès desquels elle cherche de l’aide lui rient au nez : « Je me suis sentie incroyablement seule… Un chirurgien esthétique a quand même accepté de sauver mon visage. Ma hantise était justement d’avoir été défigurée, de garder les traces de cette agression sur mon visage, de ne plus pouvoir faire mon métier… »
Face à tant de haine, l’actrice a donc décidé de quitter le Maroc : « C’est mon pays, je l’aime, j’y ai ma vie et ma fille, j’ai foi en ses forces vives, mais je ne veux plus vivre dans la peur. »
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