Vincent Thobel était au Bataclan lors des attentats du 13 novembre à Paris. Journaliste et collaborateur de plusieurs médias français, il avait décidé de passer un vendredi soir festif le 13 novembre. Restau, vin rouge puis concert d’Eagles of Death Metal, son “groupe préféré”. “On s’engouffre un par un dans ce minuscule trou à rat” Quand il […]
Vincent Thobel était au Bataclan lors des attentats du 13 novembre à Paris. Journaliste et collaborateur de plusieurs médias français, il avait décidé de passer un vendredi soir festif le 13 novembre. Restau, vin rouge puis concert d’Eagles of Death Metal, son « groupe préféré ».
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« On s’engouffre un par un dans ce minuscule trou à rat »
Quand il arrive au Bataclan le soir du drame avec son amie, le concert a déjà commencé. Le groupe se produisant à guichets fermés, la fosse semble saturée et il décide d’aller à l’étage : « Il y a tellement de monde qu’on ne voit rien, ni la scène, ni le bar. Du coup, on monte au balcon. La vue est magnifique. » Puis, le journaliste explique être redescendu chercher une bière au bar près de l’entrée de la salle au moment de l’arrivée des assaillants :
« En arrivant au bar, un mouvement de foule se crée devant moi. Je pense d’abord à une bagarre, comme d’habitude. Le barman sort du bar et des bruits de pétard surgissent. La lumière s’allume. La musique s’arrête. Les cris s’élèvent. Je cours dans les escaliers, je monte chercher ma copine. On s’accroupit avec des gens derrière les épais fauteuils rouges. A côté de nous, un enfant et sa mère. Avec moi, l’odeur de poudre est montée se réfugier dans les hauteurs. Et depuis deux minutes, le bruit des balles résonne entre les murs. On s’organise, rapidement. On sait que les mecs vont monter. On fait avancer la file vers une porte côté droit, toujours repliés derrière ces fauteuils molletonnés. On avance, en commando. »
Avec son amie et d’autres spectateurs (dont une femme et son enfant), Vincent raconte comment en cherchant un refuge ils se retrouvent bloqués dans les toilettes : « On pète le faux plafond des toilettes. On s’engouffre un par un dans ce minuscule trou à rat, l’enfant et sa mère d’abord. Putain, pauvre petit. » Une interminable attente débute alors, avant l’intervention de la police dans un espace sombre et exigu :
« La vue se dégage en passant entre des poutres métalliques. On file au fond du grenier de la salle. La poussière et la laine de verre nous grattent méchamment le nez et les poumons, mais il faut trouver une sortie. En arpentant les passerelles, on se rend compte qu’il n’y en a pas.[…] On est là, une dizaine avec ma copine, réfugiés dans le noir à écouter chaque bruit, chaque son de voix et chaque détonation pour pouvoir suivre leur parcours. On n’a pas peur, mais on sait que s’ils arrivent, on est coincés comme des animaux. On est des proies. »
« Des éclats de bois arrivent sur moi. Ils tirent dans le plafond »
Juste en dessous d’eux, les terroristes tirent dans le plafond pour essayer de les atteindre : »Le bruit des balles reprend, des éclats de bois arrivent sur moi. Ils tirent dans le plafond. » Au dessus de leur tête, ils peuvent également entendre le pas accélérés des personnes fuyant par le toit. Tard dans la nuit, les djihadistes ont tous été abattus et les secours font leur entrée :
« La police arrive finalement. On passe par l’intérieur des murs du Bataclan, en marchant sur des barres métalliques. En montrant le torse et le dos pour prouver qu’on est bien des otages. Mot qu’on crie pendant dix minutes quand on voit la BRI. On doit repasser par la salle. Le balcon, les escaliers, le bar pour atteindre la sortie. Je revois le barman. Il est là, au sol. Inanimé. A l’extérieur, le sang jonche les poubelles et le bitume. On est dehors. Sains et saufs. »
{"type":"Banniere-Basse"}