Une comédie douce-amère de Michel Spinosa sur les années MLF qui ressemble à un dossier de magazine féminin : plaisant, léger, vite oublié. C’était le début des années 70, l’explosion de l’amour libre, la révolution de la pilule, Mai 68 et Woodstock venaient de prendre place dans l’Histoire, les féministes brûlaient leurs soutiens-gorge en place […]
Une comédie douce-amère de Michel Spinosa sur les années MLF qui ressemble à un dossier de magazine féminin : plaisant, léger, vite oublié.
C’était le début des années 70, l’explosion de l’amour libre, la révolution de la pilule, Mai 68 et Woodstock venaient de prendre place dans l’Histoire, les féministes brûlaient leurs soutiens-gorge en place publique, les moustaches et les pattes d’éph’, les chemises à fleur et la fumette faisaient rage, Eustache venait d’accoucher d’un film sublime avec La Maman et la Putain… Nous étions à la fin d’un cycle, à la veille du choc pétrolier. Situé en cette agonie des Trente Glorieuses, La Parenthèse enchantée est l’alliage de trois éléments hétéroclites. La comédie qui oscille entre veine parodique et mélancolie, avec toute la panoplie vestimentaire et le décorum de l’époque, le gros zoom-second degré du début et l’intérieur rétrofuturiste du « centre de sexologie » qui rappellent les pires expériences cinématographiques de ces années-là. Le propos conventionnel sur les péripéties amoureuses et sexuelles entre deux garçons et trois filles, son lot de ratages et de regrets. Et enfin, l’irruption de l’histoire politique, puisque, après l’apparition de la pilule, les femmes sont en plein combat pour l’avortement libre et gratuit. De ces trois lignes de fuite, la fiction est la plus mal en point, et curieusement, elle doit constamment s’appuyer sur l’Histoire pour faire naître l’émotion et valider sa raison d’être. Revoir aujourd’hui Simone Veil en train de défendre le droit à l’avortement devant l’Assemblée nationale en 1974 avant que la loi ne soit votée, revoir ces femmes contraintes de traverser la Manche pour ne pas risquer de mourir lors d’opérations clandestines, procure au film la dimension qui lui manque sur le plan narratif, et rehausse l’aspect anecdotique de l’ensemble. Avec La Vie ne me fait pas peur, Noémie Lvovsky avait réussi à injecter une folie personnelle qui renouvelait le genre formellement. Cet ingrédient essentiel manque à ce film qui, malgré de bons acteurs et le plaisir amusé qu’il provoque, reste en deçà de ses volontés et repose trop sur ses béquilles historiques.