Un trillion. C’est le nombre de photos prises par an. En quelques minutes, nous prenons autant de photographies que lors du XIXe siècle dans sa totalité. Pour les rassembler, nos parents utilisaient de vieux albums cartonnés, la nouvelle génération jouit d’une collection infinie à portée de clic. Le hashtag “Throwback Thursday”, la fonctionnalité “Ce jour […]
Un trillion. C’est le nombre de photos prises par an. En quelques minutes, nous prenons autant de photographies que lors du XIXe siècle dans sa totalité. Pour les rassembler, nos parents utilisaient de vieux albums cartonnés, la nouvelle génération jouit d’une collection infinie à portée de clic. Le hashtag “Throwback Thursday”, la fonctionnalité “Ce jour là” sur Facebook, l’application Timehop… Les réseaux sociaux ne nous relient plus uniquement à nos amis, mais à notre passé.
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En 2011, Jonathan Wegener et Benny Wong lancent l’idée de Timehop. Le concept est simple. Chaque jour, l’utilisateur reçoit un mail avec ses check-in Foursquare de l’année précédente, puis s’ajoutent ses publications Facebook, ses vieux tweets, ses photos Instagram. En 2012, le concept devient une application; elle compte désormais 12 millions d’utilisateurs. “Au début, les gens étaient sceptiques. Ils nous disaient “Pourquoi aurais-je besoin d’un autre mail quotidien?‘ C’est simple : pour devenir accro et regarder ça tous les jours. Nous avons ressenti l’immense valeur de ces vieilles informations” raconte Jonathan Wegener, le créateur de Timehop dans Vox.
En parallèle, le phénomène du hashtag » Throwback Thursday » est apparu sur Instagram. Chaque jeudi, des milliers d’utilisateurs postent d’anciennes photos d’eux sur leur compte. L’engouement »TBT » offre ainsi à Timehop un pic de téléchargement chaque jeudi. Facebook s’est engouffré dans la vague nostalgique en créant la fonctionnalité »Ce jour-là ». Insérant chaque jour, des publications des années précédentes, cet algorithme nourrit le passéisme des internautes. Cependant, hier n’est pas toujours heureux; les réseaux sociaux offrent donc mauvaises surprises à leurs utilisateurs.
Nostalgie au goût doux-amer
En décembre dernier, Facebook proposait un « best-of » vidéo de votre année. Des utilisateurs tombent alors sur le malheureux incendie de l’appartement d’une amie, la photo d’un ami qui s’est suicidé, des anciens amis et petits amis, des membres de la famille récemment décédés… Facebook est obligé de publier des excuses officielles.
L’application « Ce jour là » de Facebook n’est pas non plus exempte de toutes critiques: se réveiller le matin et voir notre passé s’afficher sur notre smartphone représente une perspective assez déprimante pour la journée qui s’annonce. Et la pudeur n’y est pas de mise: vos amis peuvent profiter également du spectacle de votre passé. D’autre part, vivre avec l’idée qu’on vous exposera à vos propres souvenirs plus tard, peut vous pousser à en créer:
‘ »Parfois, mes amis et moi utilisons Foursquare uniquement dans l’idée que ça ressortira des années plus tard. Nous faisons des souvenirs principalement dans le but de les voir plus tard. C’est un peu étrange« , raconte Matt Sevits, un utilisateur de Timehop.
La nostalgie, un sentiment complexe
Une étude sur des sujets de 18 pays a montré que la nostalgie est pourtant vécue comme une expérience positive. La nostalgie fait appel au principe de Pollyanna, soit la tendance à ne voir que le bon côté des expériences passées. Mais si la nostalgie est mise en scène sur les réseaux sociaux, c’est surtout parce qu’elle peut être profitable. Pendant les années 2000, des études sur la nostalgie, et notamment sa part commerciale prouvent que la plupart des adultes utilise les mêmes produits que lorsqu’ils étaient enfants. Selon l’universitaire britannique Tim Wildschut, “la nostalgie permet de contrer le sentiment de solitude de certaines personnes ou autrement dit à renforcer leur sentiment d’appartenance ”. L’explication pourrait tout aussi bien convenir pour Facebook.
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