“Dans nos civilisations d’aujourd’hui, personne n’est autant caressé que l’écran tactile de notre téléphone portable.” La métaphore est belle et a la force de frappe des évidences. Elle est signée Pierre Barthélémy et constitue le point de départ d’une étude relayée par “Passeur de sciences”, le blog de vulgarisation scientifique hébergé sur le site du Monde. Depuis une vingtaine d’années, les neurosciences font leur […]
« Dans nos civilisations d’aujourd’hui, personne n’est autant caressé que l’écran tactile de notre téléphone portable. »
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La métaphore est belle et a la force de frappe des évidences. Elle est signée Pierre Barthélémy et constitue le point de départ d’une étude relayée par « Passeur de sciences », le blog de vulgarisation scientifique hébergé sur le site du Monde.
Depuis une vingtaine d’années, les neurosciences font leur miel des capacités d’adaptation intrigantes de notre cerveau. Sa plasticité – c’est-à-dire sa faculté à se réorganiser sous l’action de stimuli répétés – est au centre de toutes les attentions. Les développements les plus récents ont notamment établi l’influence de l’apprentissage d’un instrument comme le violon sur la structure et le fonctionnement des différentes aires du cortex.
Aujourd’hui, ils sont quelques scientifiques à se demander dans quelle mesure la manipulation d’un smartphone peut induire des effets comparables. Leur objectif ? Savoir si l’utilisation prolongée d’un écran tactile active de nouveaux chemins de communication entre les dentrites, ces ramifications filandreuses qui lient les neurones les uns aux autres.
Pour en avoir le cœur net, une équipe suisse a divisé un groupe test de 37 volontaires en deux catégories. Soumis à un électro-encéphalogramme (EEG), les uns étaient pourvus de téléphones « à touche », les autres de téléphones « intelligents » qu’il fallait tapoter « plusieurs centaines de fois ».
Résultat : tout porte à croire que le cerveau des possesseurs de smartphones réagit différemment que celui de ceux qui n’étaient munis que de portables classiques :
« L’amplitude des signaux captés par l’EEG [est] plus importante que chez les autres », résume le journaliste.
Plus fort : après analyse de « l’historique de la batterie sur les dix jours ayant précédé l’expérience », les auteurs de l’étude mettent en évidence une reconfiguration significative des zones de représentation sensorielle, à l’intérieur du cortex des usagers de mobiles à écrans tactiles. Dès lors, une seule conclusion s’impose : le smartphone est bien le violon d’Ingres du XXIe siècle, dans tous les sens du terme.
Alexandre Vasseur
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