Jawad Bendaoud, était-il un réel complice des terroristes du 13 novembre ? Aucun élément ne permet de l’attester. Cependant, il semble aujourd’hui clair qu’il en savait plus que ce qu’il n’a laissé entendre. Le jeune homme était devenu un mème sur la toile après son apparition insolite sur les écrans de BFM TV le 18 novembre […]
Jawad Bendaoud, était-il un réel complice des terroristes du 13 novembre ? Aucun élément ne permet de l’attester. Cependant, il semble aujourd’hui clair qu’il en savait plus que ce qu’il n’a laissé entendre. Le jeune homme était devenu un mème sur la toile après son apparition insolite sur les écrans de BFM TV le 18 novembre dernier, au cours de l’assaut du RAID dans son appartement de Saint-Denis.
Jawad Bendaoud a fini par admettre aux enquêteurs qu’il se doutait de ce qu’il se tramait : « J’ai douté, il y avait un truc pas clair, mais je ne vais pas prendre vingt ans pour ça, (…) je m’en doutais, mais je voulais l’argent. »
Un homme tiraillé
Les éléments du dossier judiciaire obtenus par Le Monde peignent le portrait d’un homme tiraillé entre appât du gain, proximité idéologique et irresponsabilité.
Mardi 17 novembre au soir, Jawad Bendaoud a accueilli Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur présumé des attaques, sa cousine Hasna Aït Boulahcen et un troisième terroriste non identifié dans l’appartement sans eau courante de la rue du Corbillon à Saint-Denis. Le tout contre 50 euros.
Le jeune homme, incarcéré à plusieurs reprises, louait régulièrement son appartement à des gens de passage (migrants, proxénètes ou dealers).
« Je m’en doutais putain »
Il est aujourd’hui mis en examen pour association de malfaiteurs criminelle en relation avec une entreprise terroriste. Au même titre que Mohammed S., soupçonné d’avoir recommandé Jawad aux auteurs des attentats qui cherchaient une planque.
Le matin de l’assaut du RAID, la petite amie de Jawad Bendaoud panique. Le Monde s’est procuré ses SMS : « Je m’en doutais putain », « Je te l’avais dit en plus, c’est chelou ». Des soupçons que son amie réitère une semaine plus tard devant les caméras de BFM TV.
Voici la réponse de Jawad Bendaoud :
« Tous les mecs de ma rue, hier, ils rigolaient, ils m’ont dit t’es un OUF, tu ramènes des mecs de Belgique, deux frères MUS. (…) Sur le coran de La Mecque c’est des terroristes, nous on rigolait, bah on s’en bat les couilles, moi je les héberge. (…) Les mecs ils viennent de Belgique, ils me demandent de quel côté on fait la prière, ils me disent on est fatigué, on veut dormir, on a passé trois jours de fils de pute, 150 euros pour trois jours, pourquoi ils ont pas été à l’hôtel ? (…) Vazy même moi j’ai trouvé ça suspect les mecs… «
Il visionne des vidéos de Merah et d’Abaaoud
Jawad Bendaoud et Mohammed S., aujourd’hui suspectés d’avoir « sciemment hébergé des personnes en cavale », se sont rencontrés lors d’un séjour en prison en 2011. Alors que le second purgeait une de ses quinze condamnations pour vol avec arme et violences volontaires, lui avait été condamné, en 2008, à huit ans de prison pour avoir tué involontairement un de ses meilleurs amis avec un couteau de boucher.
Un co-détenu décrit Jawad Bendaoud comme « radicalisé, rapporte Le Monde. Entre plusieurs vidéos de Mohamed Merah, le jeune homme admet avoir visionné des images du djihadiste belge, Abdelhamid Abaaoud. Dont la plus célèbre le montre traînant des cadavres de soldats syriens au volant de son pick-up.
L’a-t-il identifié le 17 novembre dernier au soir, rue de Corbillon, lorsqu’il a franchit le perron de sa porte ? « Tout le monde regardait des vidéos de lui en prison, se justifie-t-il. Vous croyez que je lui aurais loué mon appartement si je l’avais reconnu ? ». Des recoupements téléphoniques, bornés dans la nuit du 13 au 14 novembre près des différentes cibles terroristes, intriguent également les policiers.
Mais, dans cette affaire, les soupçons planant autour de Mohammed S. sont encore plus forts. La cousine d’Abaaoud lui écrit, le 17 novembre, pour le remercier d’avoir trouvé une planque : « Toute la cité m’a appelé. (…) Ils ont vu à la télé, ils m’ont appelé tous (…) Aujourd’hui, ce que tu as fait, la vie de ma mère, tu es un bon ». Pour cette action, Mohammed S. a touché 100 euros.