L’Etat islamique, califat autoproclamé, fonctionne comme un proto-Etat : il s’étend sur un territoire grand comme le Royaume-Uni, possède une armée, contrôle une population, prélève des impôts, produit des biens agricoles et des hydrocarbures et échange (sur le marché noir) avec les puissances voisines. Depuis cette année, le groupe terroriste s’est même doté de sa […]
L’Etat islamique, califat autoproclamé, fonctionne comme un proto-Etat : il s’étend sur un territoire grand comme le Royaume-Uni, possède une armée, contrôle une population, prélève des impôts, produit des biens agricoles et des hydrocarbures et échange (sur le marché noir) avec les puissances voisines.
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Depuis cette année, le groupe terroriste s’est même doté de sa propre monnaie, afin de « s’affranchir du système monétaire tyrannique » qui a conduit au “mercantilisme” et à “l’oppression des musulmans”, affirmait le prétendu calife Abu Bakr al-Baghdadi en novembre 2014.
Une référence au dernier Califat
Mise en circulation depuis le 29 juin dernier, date anniversaire de la proclamation du califat, cette monnaie se nomme le dinar-or, ou dinar islamique, comme « au VIIe siècle, la monnaie du troisième calife Abd al-Malik », rappelle l’économiste Dominique Plihon au micro de France Culture. Des membres du groupe terroriste et des médias pro-Daesh ont publié des photos de cette monnaie dès la mi-juin, montre le site Terror Monitor. On y voit des symboles comme l’épi de blé et l’inscription « L‘État islamique / Un califat fondé sur la doctrine du Prophète ».
Pro-#ISIS Media Post The Photos Of #ISIS Currency Photos (1 & 5 Dinar Coin) pic.twitter.com/dBwkzc7RA4
— Terrormonitor.org (@Terror_Monitor) 23 Juin 2015
Augmenter son influence sur les territoires occupés
« En créant sa propre monnaie adossée au métal jaune, Daesh cherche à asseoir sa légitimité », déclare Dominique Plihon. Cette nouvelle monnaie directement indexée à l’or (1 dinar-or vaut 139 dollars et 1 dinar-argent équivaut à 1 dollar) a remplacé la livre syrienne et le dinar irakien et va permettre à Daesh d’« instaurer un nouvel ordre monétaire et d’accroître son influence sur les territoires occupés », selon l’économiste.
#ISIS‘s so-called currency exchange rate: 1 Gold Dinar is $139. 1 Silver #Dinar is $1. #Propaganda. pic.twitter.com/J4z7oQa1Fh — Terrormonitor.org (@Terror_Monitor) 23 Juin 2015
Elle permettra aussi d’accroître l’emprise du groupe sur la population qu’il contrôle, qui a mis en place un véritable marché captif au sein duquel Daesh détient le monopole d’un grand nombre de biens de consommation (énergie, alimentation, etc.).
Daesh place son argent dans les paradis fiscaux
En frappant sa propre monnaie, l’Etat islamique peut enfin consolider sa fortune, estimée à 2 ou 3 milliards de dollars et acquise grâce à des revenus issus du pétrole mais aussi des taxes imposées de force à sa population, des trafics et de la contrebande et des rançons récupérées grâce aux otages.
Dominique Plihon souligne que Daesh a été très habile pour gérer ses financements car le groupe aurait anticipé le tarissement de sa production pétrolière (à cause des pertes de champs de pétrole reprises par la coalition, des frappes militaires mais aussi d’un tarissement naturel) en diversifiant ses ressources et en plaçant son argent dans des paradis fiscaux afin de la faire fructifier.
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