Le 8 mai 2002, l’attentat de Karachi (Pakistan) fait 15 morts, dont 11 employés français de la Direction des constructions navales. Une Toyota chargée d’explosifs a percuté un bus transportant les techniciens. A l’époque, la DST, la Direction de surveillance de territoire, devenue la DGSI, est chargée d’enquêter sur les raisons de l’attentat. L’audition d’un ancien de […]
Le 8 mai 2002, l’attentat de Karachi (Pakistan) fait 15 morts, dont 11 employés français de la Direction des constructions navales. Une Toyota chargée d’explosifs a percuté un bus transportant les techniciens. A l’époque, la DST, la Direction de surveillance de territoire, devenue la DGSI, est chargée d’enquêter sur les raisons de l’attentat.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’audition d’un ancien de la DST, nommé simplement « Verger, » a été déclassifiée par le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve le 23 octobre dernier. Entendu par des magistrats, son témoignage atteste que les directeurs du service de contre-espionnage ont intentionnellement dissimulé des informations capitales. La DST avait par exemple entamé des recherches sur Ali Ben Moussalem, un Saoudien chargé de jouer les intermédiaires par le gouvernement Balladur en 1994 lors de la signature de la vente des sous-marins français Agosta au Pakistan et des frégates Sawari II à l’Arabie Saoudite ». Cette transaction aurait donné lieu à des rétrocommissions qui auraient servi à financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, Premier ministre sous le dernier septennat de François Mitterrand.
Un mobile politico-financier étouffé au profit de la piste islamiste
La DST évincera dans ses rapports officiels tout lien entre l’attentat et d’éventuelles rétrocommissions, délaissant sciemment le mobile politico-financier au profit d’une piste islamiste. En 2008, un rapport confidentiel de Claude Thévenet dès 2002, un ancien de la DST, fait surface. « Le rapport Nautilus« , gardé secret pendant six ans, penche plus tôt pour un règlement de compte financier suite à la suspension des commissions, décidée par Jacques Chirac en 1995.
Pour Verger, le gouvernement français avait connaissance des transactions financières de la France entre l’Arabie Saoudite et le Pakistan par l’intermédiaire d’Ali Ben Moussalem. Pourtant les recherches avancées par Verger au sujet de Ben Moussalem restent introuvables dans les dossiers et archives de la DGRI. Il raconte:
En 1994-1995, je me suis intéressé aux activités de cheikh Ali Ben Moussalem et de son bras droit, Ziad Takieddine La DST a placé cette boutique sous surveillance. nous avons observé que des membres du parti républicain de François Léotard [ministre de la défense du gouvernement Balladur] se rendaient dans l’immeuble abritant Arije. (…) Donnedieu de Vabres [chargé de mission auprès de François Léotard] aurait rencontré Ben Moussalem à l’hôtel Prince de Galles. Ce dernier lui aurait remis deux valises, pleines, selon Gérard Willing, d’argent. Donnedieu de Vabres aurait alors remercié Ben Moussalem en lui disant : “Merci pour la France, elle vous le rendra.”
Un autre membre de la DST, Gérard Willing, a certifié le 28 janvier 2013 devant les magistrats avoir enquêté sur Ben Moussalem et « dès 1994 en avoir rendu compte à Verger, son officier traitant ».
{"type":"Banniere-Basse"}