Deux chercheurs, Michael Kasumovic de l’université de Nouvelle-Galles du Sud et Jeffrey Kuznekoff de l’université de Miami, viennent de publier une étude qui tend à démontrer que les hommes qui harcèlent les femmes en ligne sont ceux qui sont le plus en manque de réussite sociale sur le net. Leur étude se base sur le jeu […]
Deux chercheurs, Michael Kasumovic de l’université de Nouvelle-Galles du Sud et Jeffrey Kuznekoff de l’université de Miami, viennent de publier une étude qui tend à démontrer que les hommes qui harcèlent les femmes en ligne sont ceux qui sont le plus en manque de réussite sociale sur le net.
Leur étude se base sur le jeu vidéo de tir à la première personne Halo 3. D’après les résultats de deux chercheurs, ce sont bien les « losers » qui adoptent les comportements les plus sexistes lorsqu’ils jouent en ligne. Quel que soit leur niveau dans le jeu, les hommes ont tendance à se comporter de manière cordiale lorsqu’ils sont uniquement entre eux. Lorsque hommes et femmes se rencontrent, les meilleurs joueurs tendent à complimenter les femmes, tandis que les commentaires déplacés adressés aux femmes sont le plus souvent le fait des moins bons joueurs.
Les chercheurs ont choisi Halo 3 car ils estiment qu’il est particulièrement représentatif de certains espaces Internet : anonymat des joueurs, qui ne se rencontrent que quelques fois dans le jeu (ce qui permet à certains de copieusement insulter d’autres utilisateurs sans les croiser de nouveau) et une surreprésentation des hommes (95 % selon un sondage en 2014). Ce cas de figure ressemble à bien d’autres espaces sur le web, tels que Twitter, 4chan ou encore Reddit.
Par peur de l’échec, ils adoptent une attitude sexiste
Selon un des deux auteurs de l’étude, Michael Kasumovic, l’arrivée récente de femmes sur des réseaux quasiment exclusivement masculins a perturbé une hiérarchie sociale pré-existante au sein de ces espaces virtuels. Pour ceux qui sont au sommet de cette hiérarchie, l’arrivée des femmes n’est pas un problème. En revanche, pour ceux qui sont au bas de l’échelle sociale, l’afflux récent de personnes de sexe féminin est perçu comme une menace, un risque pour eux d’avoir une place sociale encore plus défavorable qu’auparavant. Par peur de l’échec, ils adoptent une attitude agressive et sexiste :
« Comme les hommes comptent souvent sur l’agression pour maintenir leur statut social dominant, la montée de l’hostilité à l’égard d’une femme venant d’hommes de statut inférieur peut être une tentative de ne pas tenir compte de la performance d’une femme et supprimer la perturbation [qu’elle exerce] sur la hiérarchie pour maintenir leur rang social », écrit Michael Kasumovic dans l’étude.
Selon un rapport du think thank américain Pew Research Center, 40 % des internautes ont déjà été harcelés en ligne au moins une fois, indépendamment de leur sexe, mais ce sont les femmes qui subissent en général les pires attaques : « [Les femmes] sont les plus vulnérables au harcèlement sexuel et au stalking« , peut-on lire dans le rapport.