Dans un monastère en Inde, pendant la Coupe du monde de foot de 1998, des moinillons bouddhistes dissipés n’ont qu’une obsession : voir les matchs à la télé. Ils finiront par être satisfaits. Le premier film réalisé par un ressortissant du Bhoutan, lui-même bonze, est loin d’être un cours de morale et de philosophie à […]
Dans un monastère en Inde, pendant la Coupe du monde de foot de 1998, des moinillons bouddhistes dissipés n’ont qu’une obsession : voir les matchs à la télé. Ils finiront par être satisfaits.
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Le premier film réalisé par un ressortissant du Bhoutan, lui-même bonze, est loin d’être un cours de morale et de philosophie à l’orientale, ou du moins ce qu’on entend conventionnellement par là. C’est au contraire une véritable leçon de subversion. Non seulement c’est une comédie, une œuvre truffée d’autodérision, mais la provocation est assez osée dans le contexte, puisque le cinéaste oppose aux valeurs religieuses, à l’élévation et au recueillement propres au monde monacal, la société du spectacle dans ce qu’elle a de plus pervers, le foot à la télé. La vision des matches devient un paradoxal synonyme de liberté, alors qu’il existe peu de sports plus aliénés au commerce. D’un autre côté, La Coupe démontre a contrario que le bouddhisme, contrairement aux religions monothéistes, fondées sur la violence et la frustration, s’accommode de certaines entorses ponctuelles, qui sont des formes d’acceptation de l’altérité. Cette comédie bon enfant et décontractée est donc le summum du détachement, une espèce de « qui peut le plus peut le moins ». Une leçon zen, si l’on veut (bien que cette discipline soit nippone), zen qui, comme on ne le sait pas assez, s’accorde fort bien avec la paillardise et la franche rigolade.
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