Incroyable performance de Jim Carey sous les traits d’Andy Kauffman, comique américain disjoncté des années 70. Jubilatoire.
L’acteur arrive sur scène en transpirant dans son costume étriqué. Il se mange le micro et bégaye des banalités d’une voix nasillarde. Ça pouffe moyen dans la salle. Silence gêné. D’où il sort celui-là ? Il fait vraiment exprès ? On entend un sifflet au fond. Tension. Le type bredouille quelque chose, se propose d’imiter Elvis Presley. Silence affligé. Roulement de tambours et l’avorton grotesque se transforme en un Elvis flamboyant, sexuel, plus vrai que nature. La salle médusée exulte soudain, en délire. Cette scène de Man on the Moon illustre la force irrésistible du genre burlesque : faire jaillir d’une tension nerveuse savamment entretenue un déchaînement de rires. Milos Forman retrace les épisodes marquants de la carrière fulgurante du comique américain à succès des années 70 disparu en 1984, Andy Kauffman. Un imitateur, stand-up comic, auteur de happenings et héros de sit-com qui se prenait pour le Orson Welles du rire, allant jusqu’à imaginer un jour de faire sauter l’image de son show télévisé pour que des millions de téléspectateurs furieux se lèvent pour cogner leur téléviseur. Farceur de génie, l’acteur burlesque fait partie de ces terroristes spirituels prompts à rappeler que le système des apparences déconne sérieusement et prêt à pousser le bouchon toujours plus loin pour tout dynamiter.
En intégrant dans sa mise en scène cette science de la chute inattendue et de la tension nerveuse qui font jaillir des rires volcaniques, Milos Forman a réalisé un de ses meilleurs films et une critique jubilatoire du monde du show-business.
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