Cinéastes russes, catalans et même diplômés de la Femis sont les belles découvertes du Festival d’Angers. Cerise sur le gâteau : un hommage à Fassbinder et à Bill Douglas.En inscrivant au programme un double hommage à Fassbinder (dont le méconnu mais jubilatoire et subversif en diable La Troisième génération) et à Bill Douglas (incluant sa […]
Cinéastes russes, catalans et même diplômés de la Femis sont les belles découvertes du Festival d’Angers. Cerise sur le gâteau : un hommage à Fassbinder et à Bill Douglas.
En inscrivant au programme un double hommage à Fassbinder (dont le méconnu mais jubilatoire et subversif en diable La Troisième génération) et à Bill Douglas (incluant sa foudroyante trilogie autobiographique), les organisateurs de Premiers plans ne facilitaient pas la tâche des néophytes participant à la xie édition du Festival européen d’Angers. Certains ont néanmoins su tirer leur épingle de ce jeu périlleux. A commencer par Emmanuelle Bercot, formée à la Femis, qui avec La Puce signe un moyen métrage prometteur où s’exprime un tempérament bien trempé, installant une atmosphère dense et mouvante. Tournant convulsivement autour d’un thème la première fois d’une adolescente propice à tous les dérapages, La Puce s’invente un itinéraire bis, tortueux et anguleux, et met dans le mille par ses manières brusques et fébriles. A la vision remuante de ce film sérieux comme le plaisir et mystérieux comme le désir, on croise souvent les ombres vives de Catherine Breillat et de Cédric Kahn. Promène-toi donc tout nu ! : ne vois pas là, ami lecteur, une exhortation à braver la moralité publique, mais seulement l’intitulé du film de fin d’études d’Emmanuel Mouret, autre locataire de la Femis. Tout à notre joie présente, on ne se hasardera pas à prédire l’avenir cinématographique de ce garçon dont le style et le champ d’action semblent pour l’heure peu compatibles avec la longue distance. Insolite et culotté, assez hilarant, Promène-toi donc tout nu ! révèle en Mouret un émule espiègle de Rohmer, qui pervertit sans gêne l’univers de son respectable modèle par un sens solide de l’incongruité et une très goûteuse propension à l’autodérision ce summum de la politesse du désespoir. Montré par ailleurs, un autre film, plus court mais aussi drôle, de ce fringant débutant a confirmé à la fois notre engouement et notre scepticisme quant à son passage au long. On suivra également avec intérêt les prochaines créations du Russe Sergei Zinevich, auteur d’un court métrage, Le Soldat et la fille-grue, bourré de charme, simple comme bonjour et touchant comme un adieu, et qui taquine si éperdument la grâce qu’on ne peut à plusieurs reprises s’empêcher de songer à Boris Barnet. Agé de 28 ans mais déjà fort de plusieurs courts et d’un long expérimental, le Catalan Marc Recha n’est plus vraiment un « bleu » : pour L’Arbre aux cerises, son premier long métrage de fiction qui éblouit par sa pureté formelle et son intensité diffuse, il réussit à (r)éveiller subtilement souvenirs et sensations, à restituer la bruissante présence du milieu naturel et à dépeindre le monde de l’enfance avec une infectieuse douceur, exempte de toute nigaude sensiblerie sortie en France dans les prochaines semaines. Un dernier crochet par la Femis permet de clore ce tour d’horizon des découvertes angevines. La vocation principale de Premiers plans étant d’ordre prospectif, profitons-en pour nous mouiller et miser tous nos calots sur un nom, celui de Crystel Fournier. Sorte de portrait-filature d’une jeune femme par une autre, Des visages traduit, en douze fascinantes minutes, une farouche indépendance d’esprit ainsi qu’une ferme volonté de rompre avec l’ultradominante tradition littéraire du cinéma français et de pousser le corps filmique dans ses ultimes retranchements. Témoignant d’une relation brute et directe à la caméra et aux comédiens, Des visages ne perd jamais en consistance même lorsqu’il confine à l’abstraction totale, en plein cœur de l’insoluble énigme du visage humain. Une expérience de spectateur singulière et palpitante à l’extrême dont on attend impatiemment de connaître le renouvellement.
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