Un an après le portrait très remarqué de Sue perdue dans Manhattan, Amos Kollek retrouve son actrice Anna Thompson pour Fiona : plus dur mais pas désespéré pour autant. Amos Kollek : “Je pense que je m’intéresse aux gens (aux femmes) d’une façon dépouillée et “puriste”, c’est-à-dire sans toutes les habitudes, les valeurs, les buts, […]
Un an après le portrait très remarqué de Sue perdue dans Manhattan, Amos Kollek retrouve son actrice Anna Thompson pour Fiona : plus dur mais pas désespéré pour autant.
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Amos Kollek : « Je pense que je m’intéresse aux gens (aux femmes) d’une façon dépouillée et « puriste », c’est-à-dire sans toutes les habitudes, les valeurs, les buts, les règles et les masques imposés par la société et la « culture ». On peut dire que je m’intéresse surtout à l’essentiel.
Dans notre société, apparemment, les gens qui ignorent les « règles » ou vivent sans les respecter sont condamnés, voués à l’échec. Si on ne joue pas le jeu et qu’on n’assume pas ses responsabilités, mener une vie prospère, heureuse et « normale » en dehors des règles semble par définition impossible. Mais ces personnes n’ont-elles pour autant aucune valeur ? Sont-elles moins humaines ?
Ces êtres humains vivent en dehors des règles de la société, mais physiquement ils sont dans les mêmes rues que les autres. Je ne les juge pas forcément meilleurs ou pires. Ils ont fait un choix différent.
Je pense que pour les gens qui vivent une vie comme celle de Fiona, le désespoir est toujours présent. Il fait partie intégrante de la vie. J’ignore si le désespoir est plus fort que l’espoir. Je crois que l’espoir est le plus fort. Mais la douleur est plus forte que le plaisir. Les gens vivent avec elle toute leur vie. Certains, comme Fiona, sans masque pour la cacher. Une autre forme de rédemption est-elle possible ? Je l’ignore. C’est une question philosophique profonde. Quelle est la signification de la vie ? Quelle est la signification de la mort ? Y a-t-il quelque chose au-delà ? Toutes ces questions me laissent perplexe. Parfois, je cherche des réponses.
Je ne suis pas sûr que Fiona reçoive moins de la vie qu’un citoyen moyen. Seulement, la société ne l’applaudit pas à deux mains. Elle vit dans une sous-culture, elle ne fait pas partie de la masse. Dans mes films, je me suis plus consacré aux femmes qu’aux hommes. Je ne veux pas dire que les femmes sont meilleures ou qu’elles ont plus de valeur. Ni qu’elles en ont moins. Simplement, les personnages féminins m’intéressent davantage. La force des femmes est peut-être plus naturelle et instinctive, celle des hommes plus acquise, entretenue. Je ne sais pas trop. Ma vision des relations hommes-femmes n’est pas particulièrement sombre, même si Fiona et Sue sont des films sombres. »
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