Après Sitcom, comédie hybride, Ozon se lance dans l’étude des passions les plus sombres. Mais peut-on restituer le trouble du désir quand on est total control ?On compare souvent le travail d’Ozon à celui d’un élève un peu trop studieux, dominé par une volonté obsessionnelle de vouloir toujours tout maîtriser de A à Z. Il […]
Après Sitcom, comédie hybride, Ozon se lance dans l’étude des passions les plus sombres. Mais peut-on restituer le trouble du désir quand on est total control ?
On compare souvent le travail d’Ozon à celui d’un élève un peu trop studieux, dominé par une volonté obsessionnelle de vouloir toujours tout maîtriser de A à Z. Il faudrait que l’élève Ozon écoute un peu plus les sages bouddhistes : « Apprendre à vivre, c’est apprendre à lâcher prise. » Tout l’art du cinéaste consiste justement à savoir dire « coupez ! » au bon moment. Pas seulement à la fin d’une prise, mais surtout au moment du montage : savoir lâcher du lest entre les plans, abandonner, fluidifier, ne pas vouloir toujours prendre le spectateur par la main. Avec Les Amants criminels, tout commençait pourtant bien, avec une paire de ciseaux même : découpé dans le journal, un fait divers attire Ozon. Il s’agit du meurtre d’un élève par deux de ses camarades de classe. Au programme : du désir refoulé, des pulsions meurtrières et des remords inévitables… Hélas ! Là où une navigation en eaux troubles s’imposait, Ozon s’accapare un sujet qu’il noie dans trop d’explications. La bonne idée du montage parallèle entre la fable sociale et le conte de fées se retrouve plombée par un dispositif psychanalytique à peine plus discret qu’un défilé de carnaval. Mais le bon côté de l’élève consciencieux qu’est Ozon, c’est qu’il n’hésite pas à revoir sa copie. Ainsi, sans doute déçu par les mauvaises critiques, Ozon a profité de la sortie DVD du film en 2001 pour proposer un nouveau montage, une version moins explicative plus légère, et c’est heureux. Des repentirs pour un film fantôme.
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