Interdit en compétition officielle en France et considéré comme un sport ultra-violent, le MMA, ou free fight, est à l’honneur ce vendredi soir sur France 4 dans un documentaire de Joseph Basse et Jules Jarossay. L’occasion de se plonger dans les coulisses de ce sport et d’essayer de comprendre les raisons de sa censure.
A l’entrée du Gym Spa d’Epinay-sur-Seine, pas de mention « Ici, cours de MMA » (« Mixed Martial Arts », ou Arts martiaux mixtes). Sur le site de la salle, seules quelques lignes discrètes le précisent.
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En France, cette discipline évolue dans un contexte particulier. Interdit en compétition officielle, le MMA est seulement toléré en entraînements. Au Gym Spa d’Epinay-sur-Seine, ceux-ci ont lieu tous les soirs, de 20 à 22 heures et réunissent près de trente personnes.
« Le public est varié. Ca va du délinquant au flic en passant par le psychologue. Il y a même des pompiers, des militaires, des étudiants, un boulanger. Ca vient de tous les corps de métier et de toutes les catégorie socio-professionnelles », précise Cyrille Diabaté, combattant et entraîneur de la Snake Team.
A 37 ans, le bonhomme est notamment champion du monde de boxe thaï et de karaté shidokan. Désormais spécialiste du combat libre, il est au centre du documentaire que diffuse France 4 ce vendredi à 22h25. Son objectif : se battre contre les clichés.
Des frappes au sol jugées trop violentes
Sport violent, barbare, sanguinaire, les qualificatifs péjoratifs pleuvent sur cette discipline qui fonctionne en totale autonomie, sans être rattachée à une fédération de sport de combat. La raison officielle de cette interdiction ? Les frappes au sol. Dans le free fight, un combattant à terre peut en effet recevoir des coups au visage. S’il ne parvient pas à les esquiver, l’arbitre arrêtera le combat. Lâche, faible et indigne pour les opposants qui y voient un sport sans règle. Cyrille Diabaté s’oppose à cette définition du MMA.
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« Un jour, on m’a dit : ah mais oui tu fais du free fight ! C’est ce sport interdit en France où il n’y a pas de règles. Mais en fait, le combat s’arrête quand ? Ca va jusqu’à la mort ?« , raconte Gregory Babene, membre de la Snake Team.
Entre fantasme et méconnaissance, le MMA a mauvaise presse, mais pour les membres de la Snake Team, il est en réalité tout aussi régulé que la boxe anglaise, « sport noble ». Combat libre ne signifie donc pas que tous les coups sont permis.
A travers le documentaire Free Fight diffusé vendredi soir sur France 4, les journalistes Joseph Basse et Jules Jarossay ont tenté de redorer le blason de ce sport, en décryptant les vraies raisons de son interdiction.
D’après eux, le problème vient également d’une histoire de gros sous que pourraient générer les droits télé en cas de légalisation de la discipline. Outre-atlantique, le MMA est une discipline, mais aussi un show et un business assumé et revendiqué qui a dépassé tous les autres sports en terme d’audience. « Les fédérations de judo ou de karaté nous voient comme un grand rival. Ici, j’ai des judokas et des karatékas qui se mettent au free fight parce que leur discipline de les fait plus bander. Ca leur fait peur de perdre des adhérents« , précise Cyrille Diabaté.
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Dans les pays où il est autorisé, le MMA génère une manne financière qui fait peur. « Les fédérations de judo ou de boxe craignent de perdre l’argent des droits télés. S’il est légalisé, le MMA finira par les remplacer« , analyse Joseph Basse, co-auteur du documentaire Free Fight.
Pour l’occasion, les deux journalistes ont tenté d’avoir plus d’explications et ont sonné au porte de toutes les instances officielles opposées au MMA.
« Il y a eu des silences et des messages sans réponse. On aurait aimé avoir quelqu’un du ministère de la Jeunesse et des Sports, mais personne n’a donné suite. David Douillet, qui est fermement opposé au MMA, n’a pas voulu nous rencontrer non plus », explique Jules Jarossay.
Bien qu’il ne montre pas d’images violentes, « le documentaire est tout de même déconseillé aux moins de douze ans », rappelle Joseph Basse. « Le CSA nous a clairement dit que la présentation de ce sport sous un aspect positif n’était pas recommandée. »
Marc Mechenoua
Free Fight, documentaire de Joseph Basse et Jules Jarossay, diffusé le 8 avril à 22h25 sur France 4
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