Comment fonctionne exactement la censure sur le web chinois ? C’est la question à laquelle a voulu répondre Gary King, professeur de sciences politiques à l’université de Harvard, en créant un faux réseau social chinois avec l’aide de deux collègues, Jennifer Pan et Margaret Roberts. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, il n’y […]
Comment fonctionne exactement la censure sur le web chinois ? C’est la question à laquelle a voulu répondre Gary King, professeur de sciences politiques à l’université de Harvard, en créant un faux réseau social chinois avec l’aide de deux collègues, Jennifer Pan et Margaret Roberts.
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Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, il n’y a pas de guide de la censure rédigé par le gouvernement chinois, qui expliquerait, par exemple, que les termes Ai Weiwei, Tibet et Tiananmen sont prohibés. Ce sont les entreprises elles-mêmes qui mettent en place leurs propres guides, afin de ne pas tomber sous le coup de la répression gouvernementale, qui peut aller jusqu’à la fermeture d’un site.
La Chine aurait donc créé une sorte de marché de la censure très compétitif, au sein duquel les entreprises du web sont libres de gérer leurs systèmes de censure comme bon leur semble et font appel le plus souvent à des entreprises extérieures spécialisées dans la censure 2.0 afin d’acheter des conseils ou des logiciels.
Gary King raconte qu’avec le logiciel acheté pour faire tourner son réseau social était offerte une boite à outils spécial censure, qui permet notamment de soumettre certains internautes à une censure plus agressive, selon leurs adresse IP, leur réputation et leur activité sur le réseau social. Ce kit permet également de stopper la publication de posts afin que quelqu’un puisse le relire avant de le valider ou non.
Au cours de ses recherches, King a également appris qu’afin de contenter le gouvernement, un site se devait d’employer deux ou trois censeurs pour 50 000 utilisateurs. Il a donc estimé qu’il y avait entre 50 000 et 75 000 censeurs travaillant pour des entreprises du Web en Chine.
En parallèle, Reuters a publié, le 11 septembre, un article consacré aux censeurs du réseau social chinois Weibo. L’auteur de l’article raconte s’être rendu dans les locaux de Weibo occupés par le département censure et y avoir vu « une douzaine d’employés, tous des hommes (…) derrière des vitres depuis un couloir accessible au public, assis à l’étroit dans des box séparés par des cloisons jaunes, fixant de grands écrans« .
Le logiciel utilisé par Weibo scanne tous les posts du réseau social avant leur publication. Seule une fraction considérée comme sensible doit être relue par un censeur, qui décidera s’il valide le post ou non. En 24 heures, les censeurs traitent environ trois millions de posts.
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