Deux projections du film « Gaza-Strophe, Palestine » dans des salles parisiennes ont été perturbées par des militants pro-israéliens. Un acte qui vient s’ajouter aux nombreux obstacles que rencontre le film.
Mardi 5 avril, devant la Péniche Cinéma, une dizaine de personne chantent « Israël vivra, ton bateau coulera ». La salle vient de projeter le film Gaza-strophe, Palestine, qui reprend les témoignages des Gazaouis peu de temps après l’opération « Plomb durci », menée par l’armée israélienne.
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A l’occasion de cette diffusion, « les organisateurs avaient accroché un drapeau palestinien, qui a été arraché par ces militants pro-israéliens », raconte le directeur artistique de la Péniche Cinéma, Franck Delrieu. Avant même le début de la projection, plusieurs policiers se trouvaient sur place afin d’empêcher la venue de militants de la Ligue de défense juive et d’éviter tout dérapage violent.
Deux jours plus tôt, le dimanche 3 avril, une autre projection avait déjà été perturbée.
« Il était 17h55 », raconte Claude Gérard, directeur de l’Espace Saint-Michel où était diffusé le film, aux Inrocks. « Une vingtaine d’individus ont tenté de pénétrer dans la salle où était projeté le documentaire afin d’interrompre la séance. Pour y parvenir, ils ont essayé d’enfermer le projectionniste et la caissière derrière la caisse, à l’aide d’un antivol. »
Face à la résistance du projectionniste, blessé dans la rixe, le groupe aurait pris la fuite, laissant au passage de nombreux tracts les rattachant à la Ligue de défense des juifs et promettant de revenir brûler le cinéma. Une plainte a été déposée par le projectionniste. De son côté, le directeur du cinéma réfléchit encore à d’éventuelles poursuites. Depuis plus d’un an, la diffusion du documentaire, dans les cinémas et à la télévision, a rencontré de nombreux obstacles.
Des précédents depuis 2010
En février 2010 déjà, l’ambassade d’Israël avait convoqué le directeur des programmes de France Ô, Luc Laventurier, pour empêcher que le documentaire ne soit diffusé sur la chaîne publique. Le lendemain de cette convocation, la rédaction de France Ô, submergée par les mails réclamant le maintien de la diffusion du film, décide finalement de ne pas le déprogrammer.
Plus récemment, en mars 2011, c’est un débat censé suivre la projection du film qui a été supprimé par l’autorité tutélaire du cinéma d’arts et d’essais, c’est-à-dire le président de la communauté d’agglomération d’Evry, Manuel Valls. La ville veut en effet éviter toute « tension entre les communautés ». Un collectif de 32 associations a adressé une lettre à Manuel Valls pour connaître les « vraies raisons » de cette interdiction. Il n’a pas reçu de réponse pour le moment. Contacté par les Inrocks, Manuel Valls n’a pas été en mesure de nous répondre.
Le 18 mars dernier, à Versailles, la projection du film a été supprimée au cinéma le Roxane. L’annonce de l’annulation a été faite quatre jours avant la date prévue, alors que la projection était programmée depuis plusieurs semaines. « Nous n’avons eu aucune explication de la part du propriétaire qui a demandé l’interdiction », explique aux Inrocks Michel Basiléo, membre de la Ligue des droits de l’homme et organisateur de la projection.
Le jour où la projection aurait dû avoir lieu, une cinquantaine de spectateurs et militants de la Ligue des droits de l’homme se rendent au dit cinéma pour obtenir des explications.
« Quand nous sommes arrivés, il y a avait six à sept voitures de police et le propriétaire nous attendait derrière le comptoir. Il nous a dit que le film avait été déprogrammé à cause de ‘la situation au Moyen-Orient’. »
Une demande d’explication a été adressée au propriétaire du cinéma. Aucune réponse n’a été donnée.
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