Michael Winterbottom est une imitation de cinéaste, et son dernier opus en est la preuve la plus flagrante. Sous prétexte que ce versatile faiseur aime changer de style à chaque histoire, il nous livre cette fois-ci une version londonienne de Short cuts : étalées sur une semaine, les aventures sentimentales de trois soeurs (une jeune […]
Michael Winterbottom est une imitation de cinéaste, et son dernier opus en est la preuve la plus flagrante. Sous prétexte que ce versatile faiseur aime changer de style à chaque histoire, il nous livre cette fois-ci une version londonienne de Short cuts : étalées sur une semaine, les aventures sentimentales de trois soeurs (une jeune mère séparée, une future femme au foyer et une célibataire à la recherche de l’amour) et de leur entourage immédiat, parents, voisins et amis.
A partir d’un argument débordant d’originalité, Winterbottom se prend à la fois pour Ken Loach, Lars von Trier et Wong Kar-wai. Comme tous les cinéastes virtuels, il multiplie les effets de signature, pour « faire cinéma » sans doute. Mais ces effets ne sont même pas les siens ; il les a volés aux habitués des sélections cannoises précédemment cités.
En compilant ainsi quelques films vainqueurs des palmarès antérieurs (Breaking the waves, Happy together, My name is Joe), il espère peut-être remporter la Palme… de l’opportunisme et du racolage. Car en plus de peaufiner un foutoir esthétique à peu près exhaustif au service de l’habituel naturalisme mesquin (accélérés, ralentis, caméra à l’épaule, photo sous et surexposée, grain de l’image plus ou moins gros d’un plan à l’autre, montage cut, il ne manque que la nuit de noces filmée au caméscope : par contre, on a droit à un clip sur les supporters anglais sur fond de musique symphonique), Winterbottom ne crache pas sur les vieilles et grossières recettes du pire cinéma commercial, du genre mise en parallèle entre la première étreinte d’une fille et d’un garçon et un couple de Bidochon au pieu : rires garantis. Triste mélange de modernisme factice et de vieux cinéma qui caractérise le travail de Winterbottom.
Spécialiste de l’obscénité larvaire (l’inadmissible Welcome to Sarajevo) et de la démagogie affichée (le seulement médiocre Wonderland), l’humanitaire Winterbottom devrait arrêter le cinéma et tourner des pubs pour Benetton.
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