Des antifascistes ont publié vendredi une photographie, qui daterait de 2006, montrant Marine Le Pen entourée de deux jeunes néonazis. En pleine dédiabolisation du FN, sa présidente assure aux Inrocks ne pas avoir su « à l’époque » à qui elle avait affaire.
Les photos de famille n’ont pas toutes une place au nouveau Front national bleu Marine. Il y a une semaine, le Nouvel Obs révélait un cliché où Alexandre Gabriac, jeune élu du FN et candidat au second tour des cantonales à Grenoble, effectuait un salut hitlérien. Suspendu du FN, il doit bientôt passer devant la commission de discipline du parti et risque l’exclusion. Dans un communiqué, Marine Le Pen se voulait claire :
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« Il faut que chacun sache que le FN n’admettra pas en son sein ce type de comportement inadmissible porteur d’une idéologie répugnante. »
Vendredi dernier, un site antifasciste a publié une photographie venant quelque peu bousculer la dédiabolisation du FN voulue par sa figure de proue. On y voit Marine Le Pen, souriante, qui attend la sortie du petit oiseau entre deux crânes rasés. L’un d’eux porte un tee-shirt où l’on aperçoit une croix gammée partiellement dissimulée par une tête de mort. Impossible de certifier la date et le lieu du cliché. D’après le décor, il aurait été pris en 2006 lors de la dernière fête des Bleu Blanc Rouge (ou « BBR »), sorte de contre fête de l’Huma d’extrême droite.
La communication du FN avait déjà vu circuler cette photographie mais se refusait à tout commentaire. Jugeant probablement l’affaire délicate, l’eurodéputée s’est donnée la peine de nous répondre en pleine session du Parlement européen à Strasbourg. Dans cette affaire, Marine Le Pen se dit victime de « l’entrisme de l’Oeuvre française« , une organisation d’extrême droite pétainiste qui, selon elle, tenterait de déstabiliser le FN en le pénétrant de l’intérieur.
Le sigle du parti d’Hitler et une croix gammée derrière une tête de mort
C’est en infiltrant les profils Facebook de militants néonazis et d’extrême-droite que des antifascistes lyonnais sont tombés sur cette photo, mise en ligne par le jeune homme à la gauche de Marine Le Pen. La publication, vendredi 1er avril, de la photographie serait une vengeance faisant suite à l’ouverture, à Gerland, d’un nouveau local considéré, par les antifascistes, comme néonazi.
Sur le cliché, à la droite de Marine Le Pen, un grand gaillard est vêtu d’un tee-shirt « Lonsdape », parodie de la marque londonienne Lonsdale. La combine permet de lire au milieu du nom de la marque « NSDAP », le sigle du parti d’Hitler.
Un article du Figaro datant de décembre 2010, intitulé Devant les caméras, Le Pen veille au look de ses partisans, précisait que la candidate à la présidence du parti faisait alors passer des consignes pour chasser de ses meetings les « symboles religieux, tatouages identitaires ainsi [que] certaines griffes de vêtements … Lonsdale est de ceux là ».
A la gauche de la présidente du FN, autre boule à zéro et autre tee-shirt floqué, cette fois, d’une tête de mort recouvrant partiellement une croix gammée. « J’ai zoomé sur la photo que vous m’avez envoyée et j’ai effectivement vu qu’une croix gammée peut s’y être cachée« , a reconnu mardi Marine Le Pen, tout en ajoutant que le détail ne sautait pas aux yeux de prime abord.
« Depuis trois ou quatre ans, j’ai dû me faire photographier 10 000 fois, et encore, je suis sûrement en dessous de la réalité. Alors c’est sûr, si le type arrive avec une croix gammée sur le Front, je vais le voir. Mais ces types là sont des pervers. »
Sous-entendu, ils avancent masqués. Une défense jugée bancale par Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite française. Pour lui qui avait déjà vu la photo, sans même entrer dans les détails des deux tee-shirts, les deux jeunes hommes, présents dans un rassemblement d’extrême droite, « sont lookés skinhead » :
« Quand on dit faire la chasse aux extrémistes depuis toujours, ce qui, semble-t-il, est son cas, on évite de prendre la pose avec deux personnes dont l’allure, dans ce contexte, est sans équivoque. Ce n’est pas une photo prise dans l’action, elle a nécessairement été précédée d’une demande. »
Marine Le Pen banalise la chose et réaffirme aux Inrocks que des néonazis qui s’incrustent dans les événements du FN, « il y en a toujours eu, mais ce sont des marginaux ».
Geoffrey Le Guilcher
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